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Thierry Breuil : L'interview

L’interview du traileur Thierry Breuil, au palmarès impressionnant, revient sur ses exploits et nous livre ses secrets. Ceci est disponible au format MP4, MP3 et texte.

Préambule : Interview avec Thierry

Il y a quelques temps, je me suis rendu à Paris à l’occasion d’une journée de présentation des nouvelles chaussures de running de la marque Kalenji. J’ai pu réaliser deux interviews dont celle-ci avec Thierry Breuil, chef de produit chez Kalenji. Thierry Breuil a aussi un palmarès exceptionnel : Champion du Monde et vice Champion du monde de trail par équipe, plusieurs fois champion de France de trail, de nombreux podiums…

Cet interview a été réalisé en direct live lors de la présentation, je m’excuse par avance pour le bruit de fond que vous pourrez entendre. Ceci est disponible au format MP4, MP3 (que vous pouvez télécharger et écouter où vous le désirez) et je propose ici une transcription texte de cet interview.

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Vous pouvez écouter ce podcast en live en cliquant sur le bouton Play en haut, ou télécharger le MP3 en cliquant sur Télécharger avec le clic droit de votre souris puis  » enregistrer le lien sous «  . Vous pouvez également le télécharger sur iTunes.

Retranscription texte de l’interview de Thierry

Jean-Marc : Bonjour. Je reçois maintenant Thierry Breuil qui nous fait la gentillesse et le plaisir de réaliser cette interview. Je vais tout d’abord te laisser te présenter même si tu es très connu dans le monde du trail. Je te laisse faire une petite présentation te concernant et concernant ton cursus sportif.

Thierry Breuil : Bonjour tout le monde. Thierry Breuil. Coureur à pied depuis 32 ans. Je vais avoir 42 ans cette année et je cours depuis l’âge de 10 ans. 32 ans de course à pied. Presque 32 ans que je m’entraine tous les jours.

Comment combattre la lassitude

Jean-Marc : Aucune lassitude ?

Thierry Breuil : Si, il y a eu des périodes de lassitude. Justement, j’ai toujours eu la chance de savoir rebondir à travers des activités différentes dans la course à pied. C’est-à-dire que jeune j’ai fait de la piste et du cross pendant de nombreuses années jusqu’en catégorie espoir.

En sénior quand j’ai vu que j’étais quand même champion de France junior de3000 steeppe, j’ai quand même réussi à être dans des sections internationales et dans des grands championnats, championnat du monde de cross junior, championnat d’Europe sur piste.

Thierry, chef de produit, présente les chaussures trail
Thierry, chef de produit, présente les chaussures trail

Je rêvais de faire une carrière sur piste et de faire les Jeux Olympiques sauf que j’ai décidé que je ne serai pas un tricheur et quand j’ai vu que je n’aurais pas le niveau pour passer au-dessus, pour faire partie des meilleurs, pour faire les JO, les championnats du monde sur piste, j’ai été obligé d’accepter ça.

Tant pis. La vie a été faite comme ça. J’ai cherché autre chose pour essayer de rester en équipe de France, voyager, découvrir des nouveaux pays. Donc je me suis lancé dans la course sur route, la course de montagne, puis sur le tard, il y a maintenant 5-6 ans, dans le trail. C’est pour ça que j’ai réussi à rebondir en changeant assez souvent de discipline sportive dans l’athlétisme.

Du coup, à chaque fois, nouvelle approche, nouveau milieu, nouveaux amis, nouveaux horizons. Ça ne veut pas dire que tu perds les amis d’avant, mais en tout cas tu enrichis ton cercle, tu te découvres des nouvelles pratiques et tu te régales.

Jean-Marc : Tu as commencé à parler un petit peu de ton palmarès. Tu as quand même omis plein de choses : tu as été champion de France de trail en 2010, champion du monde et vice-champion du monde par équipe en trail. Ça fait quand même un palmarès. Tu as de nombreuses victoires et podiums. On va parler un petit peu du futur. Quels sont tes objectifs pour 2014 ?

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Thierry avec le maillot de l'équipe de France © P.Clavery
Thierry avec le maillot de l’équipe de France
© P.Clavery

Ses objectifs en 2014

Thierry Breuil : Mes objectifs pour 2014 ont été écrits conjointement avec la marque Kalenji. Vous allez dire que les marques demandent aux coureurs… Alors que non. J’ai décidé, j’ai souhaité que ce soit une grande cohésion la façon dont Kalenji a souhaité me faire travailler avec eux tous les jours. Je me suis dit que tant qu’à faire, pour la fin de ma carrière, parce qu’on ne va pas se le cacher, c’est un petit peu le dernier baroud d’honneur, je vais tenir encore 3-4 ans, mais après ça va être difficile de faire du haut niveau.

Il est hors de question de s’arrêter de courir, mais d’avoir l’idée de s’entrainer longtemps, aussi dur et aussi fréquemment. On l’a écrit ensemble et ils m’ont proposé de faire la Transvulcania. C’est quelque chose que je n’aurais jamais voulu faire parce que c’est trop long, c’est trop de dénivelés. Dans un 1er temps j’ai tiqué, et un quart d’heure après le petit côté de l’athlète s’est dit pourquoi pas, c’est un challenge.

Dans la vie, j’ai relevé souvent des challenges, il en faut. Donc je m’entraine. Je vais bientôt commencer à m’entrainer pour cette course-là. Pourtant je n’aurais jamais souhaité la faire. Je suis super content à l’idée d’aller aux Canaries, mais 4400 m de dénivelé sur 80 km je pense quand même que ça va être compliqué.

L’idée c’est de se dire « entraine-toi pendant un paquet de mois pour être le plus performant possible ».

Jean-Marc : Est-ce que tu penses que cette distance-là c’est trop long pour toi ?

Thierry Breuil : Carrément oui.

Jean-Marc : C’est trop long pour toi pour être au top niveau.

Thierry Breuil : Oui c’est ça. L’idée c’est toujours d’être un athlète dans cette 1ère phase, tant que je reste athlète pendant 3-4 ans encore, c’est ce qu’on a défini avec la marque. Par rapport à ça, l’idée c’est de se battre avec les meilleurs et d’essayer d’être le meilleur, ce qui est tous les ans plus dur.

La question n’est pas de savoir si je suis capable de courir plus de 80 km, la question est de savoir si je suis capable d’être dans les meilleurs. Certains jours non, mais il faut au moins qu’il y ait certains jours oui. Clairement, ce que j’aime faire, c’est de courir autour de 40 km avec un dénivelé moyen, environ 2000 m. Ça, j’aime bien.

Jean-Marc : Je vois que tu as l’esprit de compétition, la gagne en toi, est-ce que pour toi il serait envisageable un jour de faire une course, comme moi par exemple faire un trail, juste pour le plaisir de faire 30-40km, un partage avec les autres coureurs, dans l’esprit de compétition, mais sans vouloir rechercher forcément le podium ?

Voilà Thierry lors de sa victoire à l'Eco Trail de Paris
Voilà Thierry lors de sa victoire à l’Eco Trail de Paris

L’après compétition

Thierry Breuil : Tu vas voir, j’y ai déjà beaucoup réfléchi. Quand tu cours depuis 32 ans et que les choses sont dures chaque matin quand tu te lèves, tu n’as pas plus de forces qu’il y a 10- 15-20 ans. Tu peux être motivé et tu peux te remotiver. C’est quand même plus dur.

Il faut plus de motivation que l’année d’avant ou que les 10 ans d’avant. Pour moi la course à pied c’est une passion, et ça les gens disent que je veux faire bien, mais non pas du tout. Il faut qu’il y ait du partage, de l’envie, un paquet de sentiments avec ça sinon ça ne vaut pas le coup de le vivre. Par exemple, au mois de novembre j’ai proposé à une personne de chez Kalenji de l’aider à aller faire son marathon et j’étais super content de prendre le départ.

Ça m’a fait bizarre d’être au milieu de la masse, pas en 1ère ligne. J’ai découvert ce que c’était que d’être serré comme une sardine au milieu de tout le monde et que ce n’était pas aussi simple. Donc j’ai fait le marathon avec lui, on a partagé quelque chose qui était super sympa. Pas besoin de savoir qui c’est, c’est quelqu’un avec qui je travaille et c’était un super moment.

Et pour autant, j’ai déjà écrit pour l’après-carrière, parce que l’après-carrière c’est l’idée de ne pas être aigri et de bien le vivre. Tu vois des sportifs à la télé qui sont devenus gros. Tu te demandes comment ils ont fait pour mettre ces joues, pour accepter leur corps alors qu’ils étaient galbés, c’étaient des athlètes. Moi j’ai peur de ça. J’ai déjà écrit les 3-4 choses que je vais faire après.

Ce sont des défis sportifs. Le principal pour la course à pied c’est de faire le grand raid de la Réunion, parce que je suis incapable de le faire sur 160 km. Je suis incapable si je me dis que je vais les courir demain parce que je serais incapable de me gérer. Je n’aime pas courir autant. J’ai un copain qui le fait régulièrement, et en 2017 ou 2018 on ira faire le grand raid de la Réunion tous les 2. Lui il le fait en 45-50 heures, je n’en sais rien.

L’idée c’est de se dire que je vais arriver sur le ravitaillement, on va manger pendant une demi-heure. On va prendre notre temps. S’il faut changer nos chaussures, on va changer nos chaussures. Peut-être qu’on va dormir à un endroit. Être au milieu des autres, prendre le temps de discuter, de partager, de le vivre différemment.

Quand tu rates les templiers comme je l’ai fait cette année, tu as l’idée quand tu marches sur ton chemin et que tu te lamentes intérieurement, tu te demandes ce que vont penser les gens qui te suivent, les gens qui t’aiment vont être tristes.

Que vont penser les gens qui ne t’aiment pas.Ils vont être heureux de se dire que tu rates. Il y a tout ça. Si tu te dis que tu n’abandonneras jamais, tu te dis tant pis il faut assumer. Tu répondras aux questions le mieux possible à l’arrivée. Tout ça, ce n’est pas facile. Il n’y a pas quelque chose que peut-être on ne dit pas.

Jean-Marc : Je ne poserais pas cette question-là.

Thierry Breuil : Je suis très inquiet du regard des autres. Ce sont des choses qu’on porte en soi, qu’il faut assumer et y penser avant.

Individuel ou en équipe ?

Jean-Marc : Tu as fait plusieurs podiums en individuel et en équipe. C’est quoi pour toi le mieux ? C’est en individuel ou en équipe ?

Thierry Breuil : Tu ne peux pas enlever à un athlète qui pratique un sport individuel et qui s’entraine tout seul le fait que, tu prends une course comme le Championnat du monde, l’idée c’est d’être le champion.

J’ai commencé à courir à l’âge de 10 ans parce qu’en gagnant le cross du collège je me suis dit que j’étais peut-être fait pour ça, que j’ai accroché dans ce sport-là, que je me suis donné à m’entrainer comme un malade, que quand l’entraineur proposait 3 entrainements par semaine, j’y allais 6 fois.

J’ai toujours cherché à repousser mes limites dans l’honnêteté et dans le respect des codes de notre sport. Ça reste un sport individuel.

Il n’empêche que les performances individuelles amènent les performances par équipe. Tout au long de ma carrière je me suis aperçu qu’il y avait un immense plaisir supplémentaire du jour où tu as été très fort, très bon, le meilleur, le 2ème, le 3ème et d’avoir tout donné, d’avoir réussi ta course, mais si c’est en plus avec les copains de ta voiture, de ton club, les copains du pays avec lesquels tu as été sélectionné, tu vas vivre une histoire incroyable.

L'équipe de France et ses médailles ! © P.Clavery
L’équipe de France et ses médailles !
© P.Clavery

Par exemple, aller en Nouvelle-Zélande faire les championnats du monde c’est un pays qui te fait rêver, tu as envie d’y aller.

Il n’y a pas besoin de nous dire comme pour les footballeurs que la prime de match sera de tant. Non, nous il n’y a rien. On y va sur nos congés et on est déjà super contents d’y aller. Si en plus tu ramènes une médaille avec l’équipe, que tu montes sur un podium, que tu vois en face le drapeau de ton pays monter, forcément tu rajoutes à ça, mais globalement ça fait bien de dire que c’est l’équipe.

On est des gens individuels, mais dans les performances individuelles de chacun nait une performance collective, et en plus quand elle y est c’est quand même super chouette.

>> Les oeufs et la perte de poids

Thierry et Kalenji

Jean-Marc Breuil : Donc là tu travailles avec Kalenji en tant que chef de produit trail. Comment en êtes-vous arrivés à travailler ensemble ?

Thierry Breuil : D’abord c’est le hasard qui met 2 personnes face à face. Je me suis retrouvé un jour dans une convention des moniteurs Décathlon. J’ai découvert des gens de Kalenji et j’ai fait la même chose que ce que je suis en train de faire avec toi.

On a l’impression que c’est une interview, mais ça peut vite être un échange de passionnés.

J’avais des à priori comme plein de gens, je ne vais pas te le cacher. J’étais dans un autre monde avant et j’avais des à priori et j’ai découvert un monde de gens passionnés. Quand je découvre des gens passionnés, ça en fait très vite des amis, des gens avec qui des projets peuvent vite naître.

Pourtant ce jour-là il n’y a eu qu’un échange passionné. C’était un bon échange qui a fait que quand je suis rentré chez moi j’ai dit à ma femme que je ne serais pas surpris qu’il y ait une suite à notre discussion même si ce n’était qu’une discussion passionnée. Et puis effectivement 2 mois après j’ai eu un coup de fil des gens avec qui j’avais discuté. Ils m’ont demandé de venir les voir, que ça les intéresserait de faire quelque chose avec moi.

Là on s’est rencontré pleins de fois. Mais c’est la 1ère fois qu’on s’est rencontré qu’on s’est conforté dans l’idée qu’on pouvait avoir des choses à faire ensemble, mais pas dans la 1ère idée que chacun pouvait avoir. Au fur et à mesure de ces échanges, de ces rencontres qui se sont étalonnées sur 6 mois.

Jean-Marc : 6 mois ?

Thierry : Oui c’est bien de prendre son temps, de ne pas tout renier, de dire vite oui alors qu’en fin de compte tu ne sais pas trop si tu vas dire oui parce que tu es impulsif ou parce que tu ne réfléchis pas. Oui on a pris du temps chacun. Chacun a tenu des convictions ou a fait des efforts.

Mais en tout cas, je crois que les 2 parties, j’en suis persuadé maintenant 12 mois après, on a réussi à se dire qu’ils ont proposé de m’embaucher. Ça, c’était très fort. Du jour où ils m’ont dit que j’étais un athlète, que c’était bien, mais qu’en plus ils allaient m’embaucher, me proposer de créer des produits, que j’allais les aider à développer leur marque de trail, que j’allais leur apporter les exigences que j’avais mises dans mes entrainements, je ne pouvais plus refuser.

Le côté accessible de la marque, le côté passionné, le côté on veut progresser vite et on veut s’appuyer sur des athlètes, il y avait tout ce qu’il fallait pour que je me donne les moyens, donc c’est vrai que ça veut dire qu’à un moment donné aujourd’hui je suis athlète et on me dit de rester chez moi certaines semaines en Corrèze, de garder ma vie privée car vie privée et  trail sont compliquées, à terme je serais un chef de produit comme les autres, plus un athlète qui aura une différence et j’irais vivre à Lille.

La griffe de Thierry sur les semelles extérieures des nouvelles Kalenji 2014
La griffe de Thierry sur les semelles extérieures des nouvelles Kalenji 2014

Franchement, le fait d’être chef de produit, de travailler sur la conception des produits d’un sport passionnant, ça valait le coup.

Jean-Marc : C’est quoi au juste le métier de chef de produit ?

Thierry Breuil : L’idée de tout un chacun c’est de se dire que le mec fait le produit. Non. Il n’est pas ingénieur le mec. Il n’est pas designer, ce n’est pas lui qui dessine le produit. Un chef de produit, chez Kalenji en tout cas, quel que soit le chef de produit, c’est quelqu’un qui court.

On est une marque de course à pied, donc c’est forcément quelqu’un qui court. C’est quelqu’un qui n’est pas forcément le meilleur dans son sport, mais il sait ce que c’est de courir, il met des baskets comme tout le monde, il s’habille, il va courir quand il fait beau, quand il fait froid, sur des terrains de pratique variés. Il va discuter avec des coureurs. Il passe son temps à discuter avec des utilisateurs de produits de running.

Il va sur des lieux de compétition pour faire des enquêtes, rencontrer et écouter les gens, leur demander quels sont leurs besoins, à l’usage ce qu’ils aiment trouver sur leurs produits.

En fin de compte, c’est la 1ère partie de prospection. Il regarde en face de lui quels sont les besoins.

Jean-Marc : Et dans cette 1ère partie, que tu arrives et que tu dis que tu es chez Kalenji, quel est le regard de l’autre traileur ? Quand tu dis Kalenji, ce n’est pas forcément la grosse marque qu’ils attendent.

Thierry Breuil : En l’espace de très peu de mois, les choses ont beaucoup changé. Parce que Stéphane Diagana déjà je ne dirais pas plus loin. Quand j’ai vu Kalenji, je savais qu’il y avait Stéphane Diagana. Quand tu vois le mec la tête bien faite qu’il a, qu’il a 0 tache dans sa vie d’athlète, d’homme, dans sa carrière d’athlète, le respect…

Et tu vois le mec le bagage qu’il a, sa façon de se comporter, tu te dis que si un mec comme lui a eu envie de s’associer à une marque comme ça c’est que quand même il y a quelque chose derrière.

Ensuite j’ai été le 2nd. 1er embauché en CDI à temps plein. Je regarde les athlètes qui sont venus très rapidement derrière, Benjamin Malaki qui était champion de cross sénior, qui va nous faire désormais avec la 1ère chaussure Kalenji de compétition sur route, Sophie Duarte qui explose en ce moment et qui devient championne d’Europe de cross.

Sophie Duarte © 20minutes.fr
Sophie Duarte
© 20minutes.fr

Tu sais, la vision change beaucoup dans la tête des gens parce que justement il faut communiquer. Ce n’est pas la grande distribution de sport qui vient. Il y a plein de gens qui veulent diaboliser. On vient faire des produits que tout un chacun puisse acheter.

L’idée ce n’est pas de dire qu’on va avoir des Ronaldo, des Messi ou des stars dans un sport qui vont nous coûter une fortune et qui vont faire que tu vas le répercuter dans ton produit parce qu’il faut vivre. Qui paye la pub ? C’est tout le monde.

Nous l’idée ce n’est pas ça justement. Il faut absolument que tout le monde puisse s’acheter notre produit.

Il faut que toi demain tu veuilles courir et que tu te dises que la chaussure de XT4 va très bien à Thierry Breuil pour faire des trails plus exigeants, à Sophie Duarte ou à un autre, il faut que toi tu aies le porte-monnaie pour pouvoir te l’acheter, que tu ne te dises pas que tu la voudrais bien, mais que tu ne peux pas.

Quand j’ai compris ça chez Kalenji, quand j’ai compris que l’idée était de faire des produits performants, exigeants, que chacun puisse acheter, je me suis dit que c’étaient des valeurs que j’avais envie de défendre tout au long de ma vie.

Jean-Marc : D’ailleurs tu abordes un problème pour les coureurs. C’est le prix des chaussures. Les prix des chaussures de trail ou des chaussures de route sont devenus assez chers. Est-ce que tu penses que c’est purement marketing ? Il y a vraiment une recherche derrière qui oblige à augmenter les prix comme ça ?

Thierry Breuil : Les produits sont importants, très importants. Il y a toujours une justification d’une augmentation. Le boulanger t’explique que la farine a augmenté… Les gens qui font des chaussures t’expliquent que le prix du pétrole est plus cher, et qu’en vendant des chaussures il y a un paquet de produits dérivés du pétrole. Voilà.

C’est marrant parce que moi je suis dans une marque où on nous anime et on nous dit qu’il faut qu’on s’anime pour arriver à tenir nos prix et qu’il faut faire en sorte que c’est une conviction qu’il faut garder l’accessibilité à tout le monde. Je le dirais que je l’entends parce que j’ai des amis qui font des magasins de sport encore.

Mon témoin de mariage en a un à Brive en Corrèze, on se voit régulièrement, je sais les discours qui sont tenus. Je les ai entendus souvent. Je sais qu’il y a d’autres façons de faire et je suis content de bosser.

Si je bosse dans une marque, j’en porte les valeurs, j’en suis fier et je suis particulièrement fier de me dire qu’on garde à l’idée de garder l’accessibilité des produits. Je suis bien content qu’on s’anime là-dessus.

Jean-Marc : Je vais prendre la nouvelle chaussure que tu vas nous présenter.

Thierry Breuil : Vas-y. Comme on est dans le vestiaire des femmes, c’est le modèle féminin.

Jean-Marc : Forcément. On n’a pas mis les modèles pour hommes.

Thierry Breuil : Tu n’es pas dans le bon vestiaire. Qu’est-ce que tu viens faire dans le vestiaire des femmes aussi ?

Jean-Marc : Je ne sais pas. On m’a dit de venir ici, donc je viens ici. (rires)

Thierry Breuil : Donc ça, c’est la XT4 action femme.

Jean-Marc : Qu’est-ce qu’elle a de particulier cette chaussure ?

Thierry Breuil : ça, c’est le modèle d’entrainement. Il y a 2 chaussures que nous avons lancées cette année : la chaussure d’entrainement (la XT4) et la chaussure Race (donc le modèle de compétition). La chaussure XT4 femme c’est une chaussure qui est assez légère dans son segment, celui des chaussures d’entrainement.

Le modèle femme des chaussures de trail Kapteren XT4
Le modèle femme des chaussures de trail Kapteren XT4

Jean-Marc : On peut quand même faire des compétitions avec ?

Thierry Breuil : Évidemment, mais déjà c’est une chaussure qui n’est pas lourde dans son segment. Elle fait 300 g en pointure 39 pour femme. Elle fait 330 g en pointure 43 pour les hommes.

C’est une des chaussures les plus légères dans ce segment-là. Ce qu’on a voulu, mis à part l’amorti (puisque finalement l’amorti, heureusement qu’aujourd’hui en 2014, n’importe quelle chaussure a un super amorti, heureusement qu’on en est plus à se demander si elle a un bon amorti) c’est d’avoir un concept propre à nous qui est le caring, qui est une évolution qu’on n’avait pas sur les modèles de l’année dernière.

Jean-Marc : C’est un brevet qui a été déposé ?

Thierry Breuil : Exactement. C’est notre système d’amorti. Le système d’amorti c’est un beignet incorporé dans le talon, qui diffuse l’onde de choc et qui amorti très très bien.

La grosse différence de cette chaussure-là, sinon on va y passer des heures, c’est l’accroche, une semelle avec des crampons impressionnants, hauts de 5 mm, débordants sur les côtés pour avoir beaucoup d’accroche au niveau latéral, assez espacés pour favoriser le débourrage.

Kapteren XT4 : le nouveau modèle trail pour les hommes.
Kapteren XT4 : le nouveau modèle trail pour les hommes.

En fin de compte, cette chaussure c’est le couple entre l’accroche et le dynamisme. Sur une des choses sur laquelle on s’est beaucoup animé dans l’équipe projet avec le designer et l’ingénieur, c’est qu’on voulait des chaussures sans véritablement mettre en avant la souplesse, mais le dynamisme.

C’est une chaussure, tu es sur un terrain un petit peu dur, tu as besoin de pouvoir relancer, la chaussure est super dynamique, elle te pousse vers l’avant, elle est légère, elle ne te scotche pas, elle favorise la relance et elle t’aide à courir vite, elle te donne du punch. En cela elle serait vraiment différente de beaucoup d’autres chaussures de trail.

Jean-Marc : D’accord. On va essayer de faire quelques questions puisque j’ai le temps. Comment se passe la création de chaussure par exemple chez Kalenji ? Est-ce que vous partez d’une page blanche ou y a-t-il un prétravail qui a été fait par les ingénieurs ?

Thierry Breuil : Non, c’est un petit peu ce que je te disais tout à l’heure. On définit les besoins avec les discussions en extérieur avec les acteurs de ce sport-là.

Une fois défini, le chef de produit écrit un cahier des charges et définit tous les éléments techniques qu’il va devoir donner à son équipe. Donc des gens qui sont assis à ma droite et à ma gauche dans mon bureau à Lille, un designer, un ingénieur, un styliste pour le textile.

De là il leur explique tout ce qu’il y a besoin d’avoir sur le produit à créer, de façon à ce qu’eux dans leur travail, puissent mettre en œuvre le produit.

Jean-Marc : Est-ce que vous regardez ce que fait la concurrence ? Tu as été chez Adidas.

Thierry Breuil : J’y étais athlète.

Jean-Marc : Est-ce que parfois vous regardez, vous allez voir, vous allez essayer même des chaussures de la concurrence ?

Thierry Breuil : Déjà un chef de produit c’est quelqu’un qui est curieux de tout ce qui se fait. De toute façon il est là pour tester tout ce qu’il y a sur le marché.

Une tendance par exemple, je ne suis absolument pas attiré par le minimalisme, je n’ai pas de conviction aujourd’hui (il faut dire que je n’ai pas essayé le produit), mais …

Jean-Marc : Tu n’as jamais couru en chaussures minimalistes ?

Thierry Breuil : Je n’ai jamais couru en chaussures minimalistes.

Jean-Marc : C’est quoi pour toi une chaussure minimaliste ?

Thierry Breuil : Ce sont celles qui ont des drops 0 ou avec très très peu de semelle par exemple. Ça ne veut pas dire pour autant que je ne vais pas devoir essayer pour savoir si c’est une tendance qui risque de perdurer ou pas, si c’est quelque chose qui va mourir dans l’œuf.

De toute façon, quoi qu’il en soit, le chef de produit va sur le terrain, voit des gens. Son travail 1er n’est pas de se demander ce qu’a fait l’autre chaque matin quand on se lève. Mais c’est quand même de rester alerte, de savoir ce qui se fait dans le milieu.

Tout comme par exemple cette année on a été avec Jean-Luc, l’autre chef de produit qui s’occupe de ma formation chez Kalenji, une semaine aux États-Unis pour voir dans le marché américain quelles étaient les tendances, ce qui se vendait dans les magasins. On a été sur une course voir si les Américains couraient avec des sacs à dos…

Jean-Marc : Vous êtes allés voir les Américains parce qu’on dit souvent que la France a quelques années de retard ? Les produits qui arrivent en France par exemple le minimalisme c’était d’abord un phénomène outre-Atlantique et c’est arrivé en France. Vous êtes allés là-bas dans cette optique-là, pour voir les futures tendances qu’il pouvait y avoir pour le marché français ?

Thierry Breuil : ça a été un ensemble de circonstances. Il faut dire aussi qu’il y a un grand salon mondial qui a lieu tous les ans à Salt Lake City au mois de juillet.

L’idée c’était de se dire qu’il ne fallait pas aller qu’au salon et faire l’aller-retour en 2 jours, qu’il fallait profiter d’y passer quelques jours, d’aller sur les sites de pratiques, de visiter des magasins de sport, de voir des marques émergentes, des marques pas forcément présentes en Europe, d’essayer de discuter le plus possible avec des acteurs, des coureurs comme il faut le faire en France, voir des athlètes.

Et puis il y avait une course, donc aller faire une grande course connue qui s’appelle la Speed Dot à Salt Lake City. Un trail difficile, dur, un ensemble de choses qui font que tu es à l’écoute. D’ailleurs le minimalisme n’est pas si fort que ça du tout actuellement aux États-Unis.

Jean-Marc : Quand tu as changé de marque, tu es passé d’Adidas à Kalenji. Est-ce que ça a eu des répercussions sur tes entrainements, tes sensations à l’entrainement ou en compétition ? Ou au contraire, tu as changé de chaussures et ça ne t’a pas changé tes performances.

Thierry Breuil : Non. Mais heureusement. Pas du tout. Il faut dire que j’étais blessé, que j’ai repris après une opération et 3 mois d’arrêt. Quand je me suis remis à courir, j’ai couru doucement.

Mais non véritablement. Je ne vois pas en quoi les choses auraient pu être différentes. Je courais déjà depuis quelque temps, j’avais eu l’occasion de tester les produits. Ma décision avait été faite, elle avait été murie.

J’avais déjà testé les produits. Je savais déjà au moment où il était question de changer de marque, de signer un contrat de travail et autre, j’avais déjà testé les produits et je savais qu’il n’y avait aucun souci, qu’ils étaient très bons et qu’ils allaient me correspondre, que ça n’allait me ne poser aucun souci de toute façon.

Jean-Marc : D’accord. Je te remercie pour cette interview Thierry. Elle touche à sa fin un peu précipitamment.

Thierry Breuil : Il faut aller courir maintenant. On va aller suer.

Jean-Marc : Il faut aller courir. Il parle beaucoup le Thierry. Je te remercie.

Thierry Breuil : C’était un plaisir. Merci à toi pour cet échange.

Jean-Marc : De rien.

Que pensez vous de l’athlète ? Et de son association avec Kalenji ?

Dites moi également dans les commentaires si l’arrivée d’athlètes de renom chez Kalenji vous fera changer d’avis sur les produits de cette marque.

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