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Maxi Race : l’expertise de Caroline Chaverot

Cet article vous présente Caroline Chaverot, championne de France 2014 de trail long. Elle nous fait revire la Maxi Race 2014 (80 kms), qui sera le théatre en cette année 2015 des mondiaux de trail et revient sur les difficultés d’une telle épreuve aussi longue.

Le palmarès de Caroline Chaverot n’a pas commencé avec son titre de championne de France 2014. Mais très rapidement, elle s’est imposée sur le circuit national.

En 2013, elle remporte le Trail du Salève, les 80 kms du Mont-Blanc, les 60 kms de la Montagn’Hard, la CCC et l’Endurance Trail des Templiers. Elle fera aussi vice-championne de France de trail à Gap.

En 2014, elle signera des victoires importantes : Ultra Montée du Salève (8 montées en 4h51mn49s, record de l’épreuve), le Trail des Forts de Besançon, et de la Tecnica Maxi-Race d’Annecy. Et elle sera Championne de France de trail à Buies les Baronnies.

Maxi Race : interview avec Caroline Chaverot

– Bonjour,peux-tu te présenter aux lecteurs de running-et-trail.net ?

– Bonjour, Caroline Chaverot, 38 ans, mère de 3 enfants (6 ½ ; 4 ½, 3 ½), enseignante, passionnée de sports de pleine nature, pratique le trail running depuis 2012.

– Quelles sont tes dernières performances sportives ?

– Je suis championne de France 2014 de trail long. En 2015, j’ai terminé 2eme de la TransGrancanaria ; depuis, je me prépare pour les championnats du monde en participant à des courses locales (Nivolet-Revard, Trail des Glaisins..).

Caroline Chaverot a le sourire pour sa préparation finale à la Maxi Race.. © Facebook
Caroline Chaverot a le sourire pour sa préparation finale à la Maxi Race..
© Facebook

Maxi Race : la course 2014 vue par Caroline Chaverot

– Comment s’est déroulée la Maxi-Race 2014 ? peux-tu nous faire revivre cette course ?

– 3 h du matin : départ ! J’opte pour la prudence et n’essaie pas de suivre Juliette qui me distance sur le plat. J’essaie d’adopter un bon rythme, mais de ne pas aller à l’essoufflement. Après avoir longé le lac, on s’élève vers le Semnoz par des jolis sentiers en sous-bois. J’aime beaucoup cette partie de la course, de nuit. J’aperçois régulièrement Juliette, 200 mètres devant.

Je me fais aussi doubler par une Italienne, que je rattrape ensuite lorsque le sentier se fait plus technique, recollant aussi Juliette par la même occasion. Il fait très froid. On arrive ensemble au sommet du Semnoz, admirant le spectacle de l’aube, mais constatant aussi que, au lieu du soleil attendu, c’est une grande mer de nuages qui baigne les montagnes environnantes.

>> Comment courir 12 minutes et faire 3 km ?

Maxi Race : première assistance

C’est la première fois que j’ai une assistance, et j’en apprécie le confort ! J’ai juste à attraper mes flask toutes prêtes et quelques gels et, zou, c’est reparti. Sur un coup de tête, je rends ma frontale. 100 mètres en dessous du ravitaillement, je constate qu’il fait encore très noir et que ce n’était peut-être pas une bonne idée.

J’ai aussi oublié mes bâtons, que je comptais utiliser dans les côtes suivantes. Tant pis, je les reprendrai à Doussard, en espérant que cela ne va pas trop me fatiguer de forcer uniquement sur les jambes. Dès que la descente se fait plus raide, je double à nouveau Juliette, qui m’avait passée après le ravito, je me penche un peu sur l’avant et c’est parti ! Nuit ou pas nuit, je fonce !

Caroline Chaverot utilisera-t-elle des bâtons lors de la prochaine Maxi Race ? © Facebook
Caroline Chaverot utilisera-t-elle des bâtons lors de la prochaine Maxi Race ?
© Facebook

Heureusement, il y a plein de concurrents à doubler et qui m’éclaire un peu et, petit à petit, le jour se fait plus franc.
À la faveur d’une piste large, Juliette revient sur moi et, quand la piste devient un faux plat montant, elle me dépose littéralement. Qu’est-ce qu’elle est forte sur ce type de pente ! En 2-3 km, je ne la vois plus du tout ! On attaque ensuite un chemin large et boueux, bien raide. J’ai une petite pensée pour les 1600 personnes qui vont passer derrière, ça va être épouvantable ! On monte quand même beaucoup, mais ensuite le chemin se fait technique, j’adore ça ! Au Col de la Cochette, les gens me disent que Juliette est 10 secondes devant.

Maxi Race : descentes à donf !

Dans la descente, je la rattrape et envoie tout ce que je peux ensuite. Je sais qu’en principe, sur l’ultra, il faut s’économiser dans les descentes, mais c’est plus fort que moi, j’aime tellement ça ! Vient une montée et, youpi, encore une descente technique. Puis un long plat de 3-4 km jusqu’au ravito de Doussard.

La vue peut être magnifique si vous êtes pas trop fatigué pour l'admirer. © Maxi Race
La vue peut être magnifique si vous êtes pas trop fatigué pour l’admirer.
© Maxi Race

À ma grande surprise, j’ai une pêche d’enfer et tourne à 13 km/h. Arrivée au ravito, je fais le plein, prends mes bâtons et c’est reparti. D’après livetrail, j’ai 5 mn d’avance sur Juliette et suis à 4 h 56 de course lorsque je sors du ravitaillement.

Maxi Race : la montée sur la Forclaz

Vient bientôt la longue montée vers la Forclaz. C’est juste la pente que je n’aime pas trop : trop plat pour marcher, mais courir dessus donne l’impression de se traîner. Par contre, le sentier est joli. Arrivée à la Forclaz, déception : au lieu du splendide sentier en balcon que j’avais emprunté en reconnaissance (marrant, d’ailleurs, cette reconnaissance : je n’ai quasiment emprunté aucun des chemins de la course !!), on descend une route, puis on va tourner dans des chemins à moitié fermés, avant de remonter le long d’un ruisseau.

Je trouve vraiment cette section sans intérêt et commence à fatiguer. Je me fais doubler par Anna Frost avec qui j’échange quelques mots. Je n’avais pas compris qu’elle faisait un relais et pensais qu’elle faisait juste son footing matinal ce qui, vu la différence de vitesse entre nous, m’a un peu déprimée sur le moment. La montée vers le chalet de l’Aulp va être un peu le calvaire pour moi, j’ai mon premier vrai coup de mou.

Maxi Race :  » en ultra, ca passe « 

Mais je sais qu’en ultra, ça passe. D’ailleurs, j’avais très mal aux genoux jusqu’au km 35, et c’est complètement passé. Après les sentiers un peu vallonnés qui suivent le chalet de l’Aulp, je rencontre Christophe Aubonnet (Hoka) et Goran Mojijevic (Passion Trail), je ne leur décroche quasiment pas un mot (pardon les zamis), mais je suis contente de les voir.

Tout d’un coup, mon coup de mou passe et je suis en forme pour attaquer la montée sur le col des Frêtes. J’adore cet endroit ! (Bon, d’habitude, la vue sur le lac est hallucinante, mais là, c’est brouillard). Vient enfin la redoutée descente pleine de cailloux vers Villars-Dessus.

Pour cette course, les bâtons peuvent s'avérer très utiles. © Maxi Race
Pour cette course, les bâtons peuvent s’avérer très utiles.
© Maxi Race

À ma grande surprise, je m’éclate comme une bête et sens même qu’elle me repose, après toutes ces montées depuis Doussard. (Merci mes Hoka !) Si bien que j’aborde la piste montante qui suit au petit trot. La partie qui mène à Menthon me semble quand même longuette, surtout quand on va encore tourner sur du goudron pour aller au ravito. De nouveau, mon plein d’eau (merci Thibault pour l’assistance), et c’est reparti. 8 h 10 de course, j’ai peu d’espoir de passer sous les 10 h, mais j’y crois encore.

Maxi Race : quand on n’a plus faim…

Je n’ai plus mangé depuis le col des frêtes, mais n’ai plus faim du tout , alors décide de ne plus manger jusqu’à l’arrivée, mon hydrixir longue distance faisant des merveilles. (C’est la 1ere fois que je teste et suis ravie !)

La montée vers le Veyrier est un calvaire. On alterne pistes boueuses, chemins boueux et herbeux en dévers, le tout de façon interminable. (hum, je sens que je fais envie à mes lecteurs). Je n’avance plus, c’est horrible. Heureusement, tout à une fin et on arrive enfin sur les belles arêtes techniques du Veyrier. Le soleil est sorti, la vue est magnifique et, OUI, enfin la descente.

Maxi Race : un bain pour finir

Après quelques centaines de mètres parcourus un peu maladroitement, je reprends mes marques et m’amuse quand même bien. Je croise un concurrent qui me dit qu’il en a marre (sans blague ?) et, comme ça fait du bien de se sentir comprise, je m’envole de plus belle vers l’arrivée. Un peu de plat pour achever la bête, une longue boucle un peu curieuse, et enfin l’arche d’arrivée. 10 h 15 ! Je suis émue et heureuse. Un petit bain dans le lac pour terminer.

– Que penses-tu du profil de cette course ?

J’aime les parcours montagneux, donc je n’en pense que du bien. J’aimerais que la première partie soit un peu moins roulante ; la seconde partie me conviendra mieux.

– Quels sont les pièges et difficultés de cette course ?

Tout le monde a tendance à partir vite, mais la course est longue et les difficultés sont concentrées dans la seconde moitié du parcours. Il y a plusieurs descentes difficiles sur lesquelles on peut perdre ou gagner beaucoup de temps. Il faut donc bien se préparer à ces descentes et notamment la dernière qui est longue.

– Quels conseils donnerais-tu pour vivre pleinement cet évènement le jour J ?

– Comme pour tout ultra, je pense qu’il ne faut pas s’emballer au départ. La course commence à Doussard. Il faut songer à bien s’alimenter et bien s’hydrater, dès le départ, car il peut ensuite faire chaud et on peut vite payer cher une petite déshydratation. À mon avis, les bâtons peuvent être très utiles, surtout pour la 2e moitié de course, y compris pour se préserver dans les descentes.

– Comment t’es-tu préparé à cette course ? Ta semaine type en entrainement ?

– Je n’ai pas vraiment de semaine type ; je m’adapte beaucoup à la météo et à la forme et aux envies du moment, en essayant de varier les séances. En général, la semaine d’avant est très très cool, pour arriver bien fraiche et avec une grosse envie de forcer.

– Si tu devais refaire cette course, quels axes de travail privilégierais-tu pour améliorer ta performance ?

– Je vais la refaire puisque les mondiaux ont lieu sur cette course. Je pense qu’il faut travailler un peu tout : le volume, la vitesse, les relances (puisque les changements de pente sont fréquents dans la première partie) et la technique de descente.

– Tes prochains objectifs ?

– Les mondiaux, le Lavaredo, l’Eiger Ultra Trail et l’UTMB. Merci à ceux qui me soutiennent, et en particulier ma famille, mon club (le CABB) et le Team Hoka. Je te remercie chaleureusement pour ta participation !

L'équipe de France pour les prochains mondiaux de trail qui auront lieu lors de la Maxi Race. © Endurance Mag
L’équipe de France pour les prochains mondiaux de trail qui auront lieu lors de la Maxi Race.
© Endurance Mag

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