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Prevention des blessures du coureur : des experts analysent !

Une conférence sur le thème de la course à pied a eu lieu dernièrement.

Plusieurs intervenants, dont le physiothérapeute Blaise Dubois et le professeur de physiologie du sport Grégoire Millet, abordent plusieurs problématiques du coureur.

Je te propose maintenant le premier épisode, sur la prevention des blessures du coureur.

Il s’agit d’une conférence entre plusieurs spécialistes du monde de la course à pied.

Cette conférence a été découpée en 6 épisodes.

Voici donc le premier qui traite de la prévention des blessures.

Je remercie par ailleurs Blaise Dubois, de la clinique du coureur (Canada) de nous avoir autorisé la retranscription écrite de toute la conférence.

Voici les intervenants de cette conférence sur la prévention des blessures :

Blaise Dubois, Physiothérapeute, expert en prévention des blessures chez le coureur
Boris Gojanovic, Médecin chef du Swiss Olympic Medical Center, Haute Ecole Fédérale du Sport de Macolin
Davide Malatesta, PhD, Maître d’enseignement et de recherche à l’ISSUL, Université de Lausanne
Eric Haefelin, Représentant Suisse d’un équipementier
Grégoire Millet, PhD Professeur de physiologie du sport, Directeur de l’ISSUL, Université de Lausanne
Laurent Paonessa, Copropriétaire de New Concept Sports, conseillé et vendeur en chaussures de course à pied spécialisées

Prevention des blessures du coureur : La vidéo

 

Blaise DUBOIS : Merci beaucoup. C’est moi qu’on a invité pour foutre le bordel.

Et enchainer avec une série de diapositives pour répondre à la fameuse question avant les débats.

La 1ère : « quelles sont les bases de nos recommandations ? »

Les blessures du coureur : Postulat de Blaise Dubois

Avant de commencer, je veux faire un postulat. Le corps s’adapte dans la mesure où le stress impliqué n’est pas plus grand que sa capacité d’adaptation.

Je ne crois pas qu’on va débattre sur ce sujet-là. Surtout pas avec des physiologistes parce qu’en fin de compte c’est la base de l’entrainement pour s’améliorer.

Et quand on veut se solidifier, être plus résistant aux blessures c’est aussi la base de nos recommandations.

Un bon exemple de ça en fin de compte, c’est l’arthrose chez le coureur.

C’est quand même intéressant de savoir qu’il y a bon nombre d’études qui montrent que les coureurs n’ont pas plus d’arthrose que les non-coureurs.

C’est-à-dire que quand on stresse notre corps on a une réaction d’adaptation qui s’en suit.
Et les cartilages de coureurs sont plus solides et plus résistants que des personnes sédentaires.

Quand on parle de la cause des blessures du coureur, je vous parle de l’arthrose.

Parce que quand on parle de la cause des blessures, 80 % de la cause viennent d’une sphère essentielle qui est le stress mécanique trop important.

On va parler de débat de chaussures parce que c’est ça qui nous passionne tous et c’est ça le titre de la conférence.

Mais je crois que la chaussure a un rôle très secondaire à jouer dans la prévention des blessures. Ou même dans la cause des blessures.

Blessures du coureur : le stress mécanique

En fin de compte, la majorité vient de cette fameuse sphère qu’est le stress mécanique trop important.

Pour vous l’expliquer brièvement, la quantification du stress est propre à chacun. Il y en a qui ont une capacité à tolérer le stress qui est très haut. Il y en a qui ont une capacité qui est très basse.

Pour vous donner l’exemple du sédentaire, il va me consulter à la clinique pour une douleur au talon d’Achille parce qu’il a couru, non excusez marché, 30 minutes.

Sa capacité est tellement faible que juste un stress de 30 minutes de marche est suffisant pour réveiller chez lui une pathologie quelconque.

Je le compare au marathonien qui lui finalement va me consulter pour la même pathologie, la même douleur au talon d’Achille, mais parce qu’il a couru 42 km.

En fait ça va être le même traitement, la même physiopatho, la différence c’est leur seuil de tolérance.

Ce que j’explique à ces 2 patients c’est que s’ils sont constamment dans une zone qu’on appelle de désadaptation.

C’est-à-dire que le stress appliqué sur leur corps est trop peu minimal, ils vont se déconditionner.

Ils vont perdre la capacité à subir du stress mécanique.

À l’inverse, s’ils en font trop, ils dépassent leur capacité maximale et vont fragiliser leur tissu, les rendre moins tolérants au stress.

Et s’ils n’attendent pas d’avoir pleinement récupéré, ils vont s’enliser dans un processus pathologique. Ils vont devenir graduellement blessés.

J’explique à ces 2 patients qu’il faut être dans la bonne zone.

Mettre un stress minimal pour stimuler notre corps.

Mais sans jamais dépasser notre capacité maximale.

Donc à 98 % de tous les coureurs qui viennent me voir à la clinique, j’explique la quantification du stress mécanique.

TON corps = un formidable outil ?

Ce fameux outil, en fin de compte, où si vous ne faites rien ce n’est pas bon, si vous en faites trop votre corps va vous le dire (douleur pendant, douleur après, douleur matinale, genou qui gonfle…).

Et ce que je leur dis c’est qu’il faut qu’ils soient dans la bonne zone.

prevention des blessures : aieeee le genou !!!
prevention des blessures : aieeee le genou !!!
© Dirima – Fotolia.com

Et à force d’être dans cette zone idéale, les adaptations tissulaires vont s’en suivre.

Aussi, vous allez développer des tissus plus tolérants.

Et vous allez devenir plus résistant au stress et capable de courir de plus en plus de volume.

À la question : qu’est-ce qui est important dans la prévention des blessures du coureur ?
C’est d’abord et avant tout la quantification du stress mécanique.

Les chaussures et la biomécanique ont un rôle très intéressant. On pourra en discuter, mais probablement secondaire (ou du moins secondaire à mon avis) sur la prévention des blessures.

Vous voulez prévenir les blessures ?

Vous pouvez aussi vous solidifier, faire des exercices de gainage et autre, qui est un petit rôle aussi intéressant.

Et probablement aussi bien à la fin vous faire des séances de stretching particulières qu’on peut personnaliser bien évidemment selon les individus.

En gros, ce sont mes recommandations.

Le débat est lancé !

Messieurs, débat.

Animateur : Quelqu’un veut commencer ?

Eric HAEFELIN : Ne pas oublier qu’on peut se blesser avec une mauvaise chaussure et que le choix d’une chaussure est toujours important quand même pour la pratique du geste sportif.

Dans la course à pied, la chaussure est quand même quelque chose d’important.

Et si la chaussure ne peut pas soigner, par contre elle peut éviter de se blesser quelque part.

Blaise DUBOIS : Alors pour reprendre ce que je disais tout à l’heure.

Je pense que la chaussure peut avoir un rôle dans le traitement de certaines pathologies par rapport aux effets cinétiques et cinématiques qui sont les mêmes.

C’est-à-dire son rôle sur la bio mécanique.

Je pense que son rôle dans la prévention est beaucoup trop mis de l’avant.

Et je pense que le facteur principal qui peut être associé au fait qu’on se blesse à cause d’une chaussure, c’est par rapport à un changement de type de chaussure, d’un côté ou de l’autre et que la chaussure elle-même a un rôle très secondaire.

Je pense qu’on peut ne pas se blesser en étant minimaliste.

Et on peut ne pas se blesser en étant maximaliste si on dose bien notre stress mécanique.

Blessures du coureur : quantifier le stress mécanique

Boris GOJANOVIC : Je ne suis pas tout à fait d’accord avec la pyramide. Parce qu’en fait la quantification du stress mécanique c’est quelque chose qu’on peut mesurer, on quantifie, on mesure quelque chose.

En fait pour chaque personne c’est un stress différent qui va causer des effets différents.

Et une adaptation positive ou négative différente.

J’ai un peu de peine avec cette notion de quantification qui ne prend pas en compte les particularités de chaque coureur.

Quel serait ton commentaire par rapport à ça ?

Blaise DUBOIS : Quand je parle de quantification du stress mécanique, je le vois dans un sens très large.

C’est-à-dire que pour chaque individu il y a une quantification du stress mécanique à avoir.

C’est-à-dire qu’il y en a qui sont plus tolérants au stress.

Ou qui ont des manières de courir précises qui font en sorte qu’ils sont tolérants à une quantité X de stress mécanique.

Si ces personnes dépassent leurs capacités maximales, elles vont se blesser.

Si elles restent dans une zone adéquate, peu importe leur biomécanique…

80 % des blessures ?

Je suis d’accord avec toi Boris qu’il faut que la quantification du stress soit quelque chose à personnaliser et ça reste pour moi 80 % de la cause de toutes les blessures du coureur.

Grégoire MILLET : J’ai une question sur les 80 % justement.

Tu viens de nous dire que c’est déjà extrêmement compliqué de quantifier ce stress mécanique.

Et c’est vrai que dans une quantification il faut être précis sur les variables qu’on utilise.

Est-ce la fréquence des séances, la qualité du sol (on ne peut pas tout ramener au type de chaussage) ?

Ensuite, j’aimerais bien que tu nous expliques d’où sort ce chiffre de 80 %.

Parce que moi je ne le connais pas. Ça fait très scientifique de sortir des pourcentages.

Blaise DUBOIS : J’aime parce qu’on tombe dans le débat à la Suisse. Je réponds. (Il est français ? C’est pire). C’est très bien.

En fin de compte, quand on lit la littérature scientifique on voit souvent le chiffre du 60 %.

Tu as probablement lu de temps à autre le chiffre de 60 %.

Qui est aussi valable que celui du 80 %. Qui est basé sur absolument rien du tout.

Quand je dis 80 %, c’est une opinion personnelle sur la cause des blessures.

Et c’est pour mettre en avant l’importance du stress mécanique sur nos tissus.

Et le lien avec les blessures du coureur et de mettre de côté un peu la chaussure qui je pense prends beaucoup trop de place.

Mais je suis obligé d’être d’accord avec toi.

Que le 80 % n’est basé sur absolument rien du tout.

Expérience clinique et conviction personnelle beaucoup plus que de la science.

L’autre partie de la question c’était la quantification.

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Les variables pour quantifier

Grégoire MILLET : Comment on quantifie et quelles sont les variables qui permettent d’augmenter. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné on a un stress mécanique ? Parce que ça a l’air si important.

Blaise DUBOIS : C’est là qu’on fait la différence entre les scientifiques et les cliniciens.

En fait, il y a des scientifiques qui se sont penchés sur la question de la prévention des fractures de stress.

Comment est-ce qu’on peut quantifier le stress ? Il y a un papier assez intéressant qui a été publié.

Où on faisait un facteur de multiplication entre le temps d’une activité X et le facteur de stress de cette fameuse activité.

Si on jouait par exemple au basket.

Le stress était beaucoup plus grand que la marche, que la natation pour donner des chiffres grossiers.

Ce sont des choses encore une fois un peu plus intuitives qui ont été mises de l’avant dans certains papiers.

Mais sans qu’il y ait des choses très solides.

Ça, ce sont les scientifiques, c’est-à-dire essayer de formuler une formule.
Pour essayer de quantifier.
Et donner des chiffres précis.

La réalité clinique est beaucoup plus complexe que ça.

C’est-à-dire que quand on court par exemple sur la pointe des pieds, on va augmenter beaucoup le stress sur le talon d’Achille.

Si on attaque du talon on augmente le stress sur la chaine antérieure.

Comme sur le tibia antérieur, qu’on courre la même distance sur la même surface.

Et que ce soit la même activité.

En fin de compte, encore une fois, comme clinicien, la quantification du stress se base beaucoup plus sur la réponse de l’individu et du patient que sur des données très précises.

Qui sont des chiffres qu’on essaye de quantifier.

On a essayé à Québec d’élaborer cette fameuse quantification du stress avec Fabien BASSET.

Qui est un chercheur à Québec.

Pour en fin de compte essayer de dire comment on peut faire une formule pour cette fameuse quantification du stress ?

On s’est découragé par cet aspect clinique associé.

Blessures du coureur : TON corps peut-il s’adapter ?

Grégoire MILLET : Si nous on a droit à 1 minute, il faut aussi que tu raccourcisses.

Je crois qu’il y a une confusion qui existe entre ce qu’on appelle les « training load », les charges d’entrainement.

Qui peuvent induire des adaptations qui sont évidemment d’ordre mécanique.

Mais aussi des adaptations d’ordre métabolique, physiologique, et on ne peut pas tout ramener au stress mécanique.

Quand on nous dit « on va quantifier le temps passé en basketball versus en natation », il y a tout un tas de modalités de quantification de cette charge d’entrainement.

Et évidemment on peut avoir la même charge d’entrainement d’un point de vue des réponses cardiovasculaires.

Le même temps passé à fréquence cardiaque à pourcentage de VO de Max, des stress mécaniques sur une zone donnée, en particulier.

Ce qui nous intéresse c’est le complexe pied-cheville qui est radicalement différent.

Je crois qu’on est d’accord là-dessus.

Blaise DUBOIS : C’est encore ça.

Et c’est pour ça que je ne parle pas de quantification de stress physiologique, mais bien mécanique dans le sens où « qu’elle est la réponse de notre corps à un stress mécanique au niveau des adaptations tissulaires » parce que si on parle de prévention des blessures c’est ça qui nous intéresse.

Le rôle de la chaussure

Laurent PAONESSA : J’ai juste une remarque.

Tu disais succinctement que le rôle de la chaussure était secondaire d’après ce que j’ai entendu par rapport aux préventions des blessures du coureur.

Dans chacun de nos magasins spécialisés ont voit à peu près 300 coureurs par mois qui nous visitent.

Je peux te promettre que si on met une chaussure à fond plat pour un pied hyper cambré ou un fort pronateur qui vient avec une chaussure qui ne lui convient pas, il m’affirme lui-même qu’il s’est blessé à cause de la chaussure.

Sans forcément avoir des connaissances scientifiques.

Je te parle du coureur qui ne connait pas la science et la médecine et qui dit « je me suis blessé.

Je présume que c’est ma chaussure. »

C’est pour revenir aux 80 % des blessures qui ne viendraient pas à cause des chaussures.

Blaise DUBOIS : Alors c’est ça mon débat, c’est que moi je pense que les coureurs pensent que c’est la chaussure.

Mais que ce n’est pas la chaussure.

Que la raison pour laquelle ils se sont blessés c’est parce qu’ils ont fait trop de volume, trop d’intensité, trop de stress mécanique trop vite.

Dans la fameuse quantification du stress, il y a le fameux changement de chaussure.

Donc si quelqu’un change une habitude à laquelle il n’est pas adapté, la quantité de stress appliquée sur ces tissus va changer.

Et ça revient encore une fois à la fameuse quantification du stress mécanique.

Donc un changement devra être graduel.

Je pense que c’est ça qu’il faut changer chez les coureurs. C’est qu’ils arrêtent de penser que c’est la chaussure.

Même si elle peut avoir un rôle.

Je crois qu’il est quand même secondaire.

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Expérience clinique et sur le terrain

Eric HAEFELIN : J’ai bien apprécié les graphiques sur le stress.

C’était joli et c’est bien.

Je reviens un peu sur cette quantification aussi au seuil que vous avez donné.

C’est un peu dangereux d’avoir ce genre de visualisation qui est très bien parce que ça se comprend bien.

Mais est-ce que quand quelqu’un vient au cabinet demander quel est son seuil, quel est son stress mécanique maximal ?

Est-ce que tu es capable de donner des indications un peu plus précises par rapport aux différents cas ?

Blaise DUBOIS : Très bonne question.

En fait, c’est un peu de l’expérience clinique pour savoir où on commence avec le sujet.

Mais le seuil est fixé par le sujet lui-même.

Quand je vais donner un programme de reprise de course à pied qu’on quantifie et qu’on gradue très graduellement avec 10 minutes de plus à chaque sortie et ainsi de suite.

Je mentionne toujours au sujet, en lui exposant la quantification du stress en parallèle, que la vitesse à laquelle il peut progresser dans le programme est propre à lui.

Il peut aller plus vite s’il se sent bien. Il faut qu’il ralentisse si tout d’un coup son corps lui parle.

Alors la quantification du stress c’est justement ça, c’est de ne pas structurer des barèmes très précis, de donner des formules. Mais de bien respecter comment le patient répond parce que cette réponse est propre à chacun.

Animateur : Boris, on fait encore une question et préparez-vous s’il y a d’autres questions parce qu’on va bientôt passer sur un autre thème, donc n’hésitez pas aussi à poser des questions.

Un enjeu majeur en médecine ?

Boris GOJANOVIC : J’aimerais juste recentrer sur le thème de ce 1er sujet : prévention des blessures. La prévention des blessures est un état majeur en médecine du sport aujourd’hui.

Disons les causes des blessures on est encore loin d’avoir tout compris.

Mais une chose qui est très claire c’est que ce n’est pas seulement la quantification du stress.

C’est d’abord le fait d’avoir une blessure auparavant qui augmente le risque d’avoir cette même blessure à nouveau.

Ça, c’est quand même quelque chose qu’il faut dire.

Ensuite la préparation physique, donc musculation qui est en haut de la pyramide ici, mais en petit est en fait une composante extrême.

Et tout ce qu’on fait pour prévenir les blessures du coureur c’est d’essayer surtout d’augmenter la capacité physique, la préparation physique. C’est quand même un message important.

Blaise DUBOIS : En fait, juste pour compléter parce que je suis d’accord à 100 %, les 2 choses qui ressortent le plus dans la littérature c’est justement « previous injuries », donc on a déjà eu une pathologie, et les antécédents de stress mécanique.

Pour moi, ces 2 facteurs-là reviennent encore une fois à la quantification du stress.

C’est-à-dire si on a un seuil qui est très bas parce qu’on a peu d’habitude ou qu’on a une certaine fragilité qui nous rend vulnérables parce qu’on a un seuil plus bas, on est plus à risque de se blesser.

Animateur : C’est ta définition de QSM. C’est ça ?

Blaise DUBOIS : Qu’on discute ici. Exactement.

Animateur : Est-ce que vous avez une question ?

Et la nutrition dans tout ça ?

Intervenant salle : Bonjour, juste à mon sens, c’est par expérience personnelle, il y a 2 facteurs qui ne sont pas représentés et qui jouent dans les blessures c’est l’usure des chaussures et tout ce qui est hydratation, alimentation. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Blaise DUBOIS : Par rapport à l’usure, il y a 3 études intéressantes qui ont montré que plus l’usure de la chaussure était grande, plus le risque de blessure était grand.

Dont une étude de qualité publiée il y a bien longtemps de Gardiner en 88.

En fait, la supposition de ces chercheurs initialement c’était peut-être parce que les qualités d’absorption avaient diminué avec l’usure de la chaussure. Je ne pense pas.

Je pense que c’est simplement la déformation de la chaussure qui va emporter l’individu dans un vice biomécanique auquel il n’est pas adapté.

Quand vos chaussures commencent à être déformées, mal-usées, je crois que c’est le temps de les changer et que ça pourrait devenir un facteur de blessure.

Sur la nutrition, je ne veux pas me prononcer, on est en dehors de mon champ de pratique et de compétence.

Boris GOJANOVIC : Je ne suis pas nutritionniste, mais disons que c’est vrai qu’on dit souvent qu’hydratation et nutrition sont très importantes.

On le répète d’ailleurs beaucoup aux athlètes.

Mais concrètement au niveau de ce qu’on a comme étude pour dire que certains éléments de la nutrition jouent un rôle dans la prévention des blessures, on est très loin de l’avoir montré.

Attention aux manques chroniques !

C’est clair des états de manque chronique en apport énergétique chez quelqu’un qui s’entraine beaucoup.

Qui serait en carence en hydrates de carbone pendant ses entrainements, de manière répétée.

Là on a quand même l’impression que ça fait des stress plus importants sur les structures musculo-tendineuses.

Et qu’on peut avoir des problèmes.

Mais autrement, on a vraiment très peu d’éléments pour ça. Alors tout ce qui est suppléments… en prévention de blessure, on a 0 évidence.

Composition de la chaussure…

Eric HAEFELIN : Il faut comprendre aussi dans ce qui est la chaussure par exemple, c’est que tout ce qui est la technologie des chaussures tel que les amortis, tous les matériels qui servent à stabiliser.

Ou qui contrôlent la pronation, ce genre de choses. ce sont sont souvent des matériaux qui sont bien plus résistants que les nylons.

Ou que d’autres matériaux dans la chaussure.

Les mousses EVA par exemple vieillissent beaucoup plus vite. Il y a une différence de vieillissement qui est très importante entre les matériaux employés dans la construction. Toutes marques confondues.

On dit souvent la chaussure est morte. Mais l’amorti n’est peut-être pas mort.

La stabilité est morte, mais il reste encore quelque chose dans un autre côté.

C’est comme nous disait Blaise, oui je suis d’accord avec vous.

D’un côté je pense qu’une vieille chaussure peut provoquer aussi des blessures. Mais pas toujours là où on croit.

Animateur : Désolé, on a fait la maintenant ¼ d’heure sur ce point.
Est-ce qu’on peut faire un petit bilan sur cette pyramide proposée ?

Blaise DUBOIS : Je suis d’avis que la quantification du stress est très importante.

(Rires dans la salle)

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D’accord ou pas d’accord ?

Intervenant salle : Je ne suis pas d’accord dans la formulation.

Animateur : Ce n’est qu’une question de formulation, mais si on y met tous les points que tu avais indiqués dans cette base-là, est-ce que pour toi… ?

Boris GOJANOVIC : Je pense qu’il y a 3 lettres et qu’il y en a 2 qui sont fausses : quantification et mécanique.

Il y a d’autres facteurs qui rentrent là-dedans.

Et qui jouent autant un rôle que ces 2 lettres-là sur les 3.

Laurent PAONESSA : Juste pour finir peut-être, ça ne prendra pas trop de temps.

Pour répondre à monsieur, quand on parle du degré d’usure d’une chaussure, tu disais « changer les croyances des gens », il faut savoir que toutes marques confondues, on dit souvent une chaussure 3 ans maximum ou 1.200 km.

C’est ce qui se dit au niveau des différents fabricants.

Il y a des gens qui ont des chaussures qui ont 10 ans et qui n’ont jamais eu de blessures.

Je reviens à ce que tu disais.

Mais il y a d’autres personnes qui ont une chaussure, ils s’aperçoivent qu’après 500-600-700km, ils changent leur point d’appui.

Et ils pensent qu’ils se blessent à cause de ça justement.

Je pense que le degré de la chaussure a un rôle plus important que ce qu’on a l’air de dire dans le graphisme.

D’après notre point de vue quotidien.

Combien de kilomètres avec une chaussure de running ?

Blaise DUBOIS : On est pas encore sur les sections de la chaussure, mais je me permets de répondre à cette question parce qu’elle est quand même intéressante.

Je pense qu’une usure de chaussure avancée, en fin de compte, l’aspect marketing de la chaussure nous a amené le fameux 800 à 1.200 km pour la changer.

Je pense qu’il faut sortir de ça.

Et simplement, je connais des gens qui font 3.000 km avec le même type de chaussures parce qu’ils les déforment peu.

C’est-à-dire qu’il faut arrêter de regarder les qualités absorbantes, mais beaucoup plus l’effet biomécanique qu’elle va avoir sur le corps.

Grégoire MILLET : Moi je vais plutôt mettre l’accent sur la quantification du stress biomécanique.

Je pense qu’il faut surtout mettre l’accent sur les capacités d’adaptation et le niveau initial des coureurs.

Le fait qu’ils aient un vécu… y compris sur des aspects anthropométriques et sur des aspects purement mécaniques ou purement physiologiques.

La capacité d’adaptation, ça a été dit, on tourne autour du pot depuis un moment.

C’est effectivement lorsqu’il y a une transition d’un des facteurs mécanique ou énergétiqu.

Et ça se traduit par des états de surentrainement ou des blessures.

C’est aussi simple que ça. Donc, être progressif.

X : Quelque part, il faudrait un petit peu regarder avec pour trouver les bons mots pour décrire tout ça.

Animateur : Est-ce qu’il y a encore une question là ? Après on passe à un autre thème.

Blaise DUBOIS : J’ai comme l’impression qu’on a tous parlé de la même chose. Et on cherche des points pour débattre. Mais que finalement on est d’accord sur à peu près tout.

(Rires dans la salle)

Et après un accident ?

Personne dans la salle : J’ai une question pour Blaise. Comment baisse-t-on notre stress mécanique après une blessure ou un accident ?

Blaise DUBOIS : Après une blessure ou un accident, notre seuil va être réduit.

Notre capacité à tolérer du stress va réduire.

Notre objectif est de maximiser nos processus d’adaptation tissulaire.

Pour restructurer le tissu, pour le rendre plus tolérant au stress.

J’enseigne la quantification du stress mécanique en disant à l’individu « tu reprends la course très graduellement, sans que tu ais des douleurs pendant, après ou plus de raideur matinale. »

Et l’individu progresse dans un programme très graduel.

Pour retourner à son niveau d’activité physique en quantifiant son stress mécanique.

Intervenant dans la salle : Donc il faut de la patience quand on est blessé.

Et reprendre la course quand on se sent vraiment bien.

Et que la blessure a disparu.

C’est un peu ce que disait Monsieur GOJANOVIC tout à l’heure.

Souvent, parmi vous, beaucoup ont repris la course en étant encore un petit peu blessé avec des bobos.

Ce qui a peut-être accentué ou fait revivre la blessure.

Blaise DUBOIS : Je dirais juste avec un petit bémol, je vous laisse répondre.

Mais je pense qu’il y a bon nombre de blessures qu’on peut se permettre de stimuler.

Et de stresser d’un point de vue structurel, anatomique pour créer des adaptations.

Donc ce ne sont pas toutes les blessures qui nécessitent un repos complet. Certaines oui.

Animateur : Le mot de la fin pour ce thème.

>> Nous parlons de la durée de vie des chaussures running dans cet article

L’importance de quantifier la charge d’entrainement

David MALATESTA : J’ai envie de dire que si on est blessé ou pas blessé, l’important c’est de quantifier la charge d’entrainement, pas seulement le stress mécanique pour être progressif.

Blaise DUBOIS : C’est une question de vocabulaire parce que je suis à 100 % d’accord avec vous.

Animateur : On est déjà à 25 minutes et on avait dit 15 minutes.

Donc on voit qu’on n’est pas encore totalement d’accord sur les mots.

L’idée ce n’est pas que tout le monde soit d’accord. C’était de débattre.

Et que chacun fasse son opinion par rapport aux différents arguments.

Grégoire MILLET : Je crois qu’on a aussi mis en évidence que les aspects perceptifs, c’est-à-dire interroger les athlètes.

Ce sont des méthodes de quantification du stress mécanique (on peut l’appeler autrement) qui sont tout à fait pertinentes.

En physiologie on utilise tout un tas d’indicateurs plus ou moins invasifs.

Et souvent on se rend compte que simplement des échelles de perception de l’effort vont nous donner des informations sur la réalité de l’exercice.

Et le niveau de charge qui seront tout aussi pertinentes.

D’un point de vue clinique, on interroge sur le niveau de douleur.

Et ainsi de suite, d’un point de vue physiologique ça va être des échelles de RPE par exemple.

L’épisode 2 de cette conférence se trouve ici si tu es intéressé…

Quel est ton avis sur cette première partie ?
Penses-tu que les chaussures ont un rôle dans la prevention des blessures ?
Dis-moi aussi dans les commentaires si la prevention des blessures et bon matériel sont liés ou pas pour toi.

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Sportivement

Jean-Marc, Préparateur Mental, Conseiller Running & Nutrition

11 réponses

  1. Merci pour ce bel article .

    Il est vrai que l’on ne parle pas assez des moyens d’éviter de se blesser. La culture francaise est plus axée sur le soin que sur la prévention

  2. Bonjour,

    C’est exact, en France, on traite après la blessure. D’ailleurs, le responsable international de Zamst (marque fabricant chevillères, genouillères…) a fait le même constat : Aux States ou au Japon ou dans les pays scandinaves par exemple, les sportifs utilisent leurs produits en prévention (lors d’une compet ou bien d’un enchainement d’entrainements durs) alors qu’en France, on ne le fera qu’après la blessure…
    A+

  3. Très intéressant,
    J aurais bien aime être présent.

    Quantifier le stress mécanique est un peu réducteur car, comme signalé dans le débat, d’autres facteurs entrent en compte.
    Par contre,comme le signalait Grégoire millet, noter l intensité de sa sortie peut donner une bonne évaluation du « stress » au sens large causė par l entraînement (stress mécanique mais aussi stress lié aux conditions familiales du moment, à l état de fatigue avant la sortie, au thème de la sortie -G vraiment plus difficile en sortie VMA qu’en Fartleck par ex.-, a la difficulté de rentrer dans le corps de l entraînement, es conditions climatiques, …)

    En ce qui concerne l importance de la chaussure sur la prévention des blessures, je suis tout à fait d accord avec la totalité des intervenants. La progressivité reste la règle absolue.
    Progressivité dans la longueur des sorties quand on change de chaussures, de type de terrain de jeu, progressivité dans les km parcourus, dans les dénivelés, dans les habitudes alimentaires ( avant, pendant et après course).

    Cette progressivité est pour ma part difficile à respecter car elle se fait en même temps que ma capacité à me connaître et à écouter les signaux envoyés par mon corps.

    Vivement la 2ème partie.

    Bav.

    Erwin

    1. Bonjour Erwin,

      Merci pour ton long commentaire. Scientifiquement, il est très difficile de quantifier le stress mécanique car beaucoup trop de paramètres rentrent en jeu.
      Mais je pense que sur un plan humain, au sens large comme tu dis, cela doit être possible.
      L’idée de Grégoire est souvent reprise dans les carnets d’entrainement où l’on retrouve un smiley à plusieurs humeurs selon la séance.
      Je trouve cela quand même assez aléatoire surtout lorsque l’on ne se connait pas suffisament, les erreurs d’interprétation peuvent arriver.
      A+

  4. Bonjour Jean Marc,
    Bonjour à tous,

    Tout d’abord: je n’arrive pas à faire démarrer la vidéo…

    Sinon, le débat et les intervenants sont super intéressants. L’absence d’un nutritionniste est regrettable, mais les points de vue exposés couvrent déjà une grosse partie du problème.

    Je suis tout à fait d’accord avec Erwin: je crois que le stress mécanique peut être amplifié par d’autres facteurs de stress « exterieurs » (boulot, famille, climat, horaires d’entraînement, qualité du sommeil ou des phases de repos en général, alimentation, préparation mentale, etc…). Savoir écouter son corps est un exercice difficile, mais ça reste le fondement de toute activité sportive.

    Et je te rejoins Jean Marc: les outils mis à notre disposition pour exprimer notre ressenti après une séance sont bien pauvres. D’autant plus que je me sens toujours incapable de décrire pleinement le bilan de cette introspection. Combien de fois me suis je trouvé à cours de mots pour expliquer une douleur ou une sensation à un médecin?

    Par contre, je suis persuadé que l’équipement avec lequel on tente de « performer », joue un rôle non négligeable dans nos résultats, et par la même dans nos échecs et nos blessures. N’utilisons nous pas différentes paires de running en fonction des séances (endurance longue, trail, fractionnés, compétition…)? Et au delà de la recherche de performance, on sent bien qu intervertir ces chaussures pourrait nous amener à souffrir. Imaginez vous faire une séance de fractionnés sur piste d’athlétisme avec une paire de trail…

    Merci pour nous avoir fait partager ce débat
    a+
    Romain

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