Championne de France vétérane de semi et marathon sur route, Championne de France de trail longue distance 2012, Natahlie Mauclair a connu de nombreux succès cette année, comme sa victoire au trail des Gendarmes et des Voleurs (et en finissant 7ème au scratch !), elle se confie ici sur les ondes de Testeurs – Outdoor.
Retranscription texte de l’interview de Nathalie Mauclair :
Jean Marc : Bonjour et bienvenus sur le blog Testeur-Outdoor. Aujourd’hui, je reçois Nathalie Mauclair qui nous fait l’honneur et le privilège de venir à notre rencontre, qui est la toute nouvelle championne de France de trail long. Bonjour Nathalie.
Nathalie Mauclair : Bonjour Jean Marc.
Jean Marc : Alors, tu n’es pas très connue encore par un grand nombre de nos auditeurs. Peux-tu te présenter rapidement aux auditeurs et aux lecteurs du blog?
Nathalie Mauclair : Alors, donc, je suis Nathalie Mauclair. J’ai 42 ans. Je suis mariée. J’ai deux enfants qui ont neuf ans et six ans. Je pratique la course à pied, donc, là, c’est ma troisième saison. Avant, j’avais pratiqué du VTT en compétition pendant 4 ou 5 ans il y a une petite quinzaine d’années. Autrement, en fait, je suis sportive depuis cette période-là. Avant, je ne faisais pas de sport.
Jean Marc : C’est quand même extraordinaire… 3- 4 ans, 3 ans de course à pied, un petit peu de VTT et tu es déjà championne de France de trail long. Cela représente quoi pour toi?
Nathalie Mauclair: C’est magique. C’est magique. En démarrant la course à pied, en fait, j’ai démarré par un marathon parce que c’est un copain qui m’avait lancé un défi de faire un marathon. Donc, j’avais relevé le défi. Je me suis préparée pour ce marathon et ça c’est très, très bien passé. C’est un marathon qui a été symbolique pour moi parce que c’était le jour de mes 40 ans. Donc, le jour où pour moi je devenais vétérane. Et depuis, j’ai pris le goût à la course à pied. C’est comme ça que j’ai continué de progresser. En même temps, je pense que c’est aussi la rigueur des entraînements, la rigueur que je m’impose au quotidien dans ma vie qui me permet de réussir et d’avoir pu accéder à ce niveau aussi rapidement.
Jean Marc : Est-ce que tu t’attendais à être championne de France cette année? Est-ce que c’était un objectif pour toi?
Nathalie Mauclair : C’est ce que j’espérais, mais, quoique championne de France. En fait, mon objectif de début de saison, c’était d’être sur le podium. Et en même temps, l’année dernière, j’avais été blessée puisque suite à ma grosse première année où j’ai été championne vétérane de marathon et semi-marathon, j’ai été blessée. Ça a duré six mois. Donc, ma crainte de cette année c’était, de nouveau de me blesser. Donc, je m’étais dit que si déjà je suis sur le podium, c’était bien. Voilà, la première place. C’est super, quoi.
Jean Marc : Oui. C’est magnifique. Du coup, est-ce que tu as déjà reçu la coupe ou la médaille?
Nathalie Mauclair : Oui, samedi dernier.
Jean Marc : Samedi dernier.
Nathalie Mauclair : J’en ai eu deux : une en toute catégorie et une en catégorie vétérane.
Jean Marc : Il y a eu la Marseillaise?
Nathalie Mauclair : Oui! Oui, oui, oui! Ça fait toujours chaud au cœur. Donc, en fait, là, c’était tous les traileurs qui étaient réunis sur le podium. On a écouté la Marseillaise tous ensemble. C’est vrai que c’était sympa parce que c’était un moment de partage et puis bon, il y a toute une symbolique derrière. Donc, oui, un sentiment de fierté, se dire : «Oui, j’ai réussi à faire ça.». Et puis, bien là, surtout, en filigrane derrière, je vais courir pour représenter la France l’année prochaine aux Mondiaux. Donc, oui, c’est des valeurs importantes et un grand sentiment de fierté.
Jean Marc : Penses-tu que cela va te changer dans ton approche de compétitions? Est-ce que cela va te rendre plus exigeante envers toi-même?
Nathalie Mauclair : En fait, grâce aux compétitions de cette année, j’ai aussi appris sur moi, quoi, de cette année et de l’année d’avant puisqu’on apprend aussi des blessures et des résultats qui sont moins bons. Donc, je pense que oui. Je vais aborder les choses un petit peu différemment. Mon planning n’est pas fait pour 2013. Mais, j’aimerais peut-être caler une course au niveau international avant les Mondiaux pour justement mieux connaître le niveau international et mieux préparer les Mondiaux et puis aussi arriver avec une certaine sérénité, je pense, aussi puisque, bien, justement j’ai aussi l’expérience des différentes préparations que j’ai mises en œuvre pour chaque compétition cette année. Du coup, voilà, je pense que je vais progresser entre la sérénité et un peu de stress en passant de la catégorie nationale à la catégorie internationale.
Jean Marc : Justement, quand tu vas passer au niveau international, est-ce que tu connais déjà tes futures adversaires?
Nathalie Mauclair : Je ne les connais pas toutes, mais bon, j’en ai croisé quelques-unes aux Templiers puisqu’elles étaient venues courir puisque les Templiers étaient aussi une manche de la finale du Skyrunning Tour. Donc, je les ai croisées et puis, je les avais aussi croisées à Sirre Zinal, au mois d’août, puisque c’était la compétition du déplacement de l’équipe de France de trail. Du coup, j’étais allée courir là bas. Donc, c’est vrai que ça change un petit peu la donne puisque je les connais moins bien. Je connais moins leurs résultats. Donc, c’est un petit peu plus difficile de me situer avant le départ.
Jean Marc : Oui, c’est vrai! L’année prochaine, au niveau du Championnat de France, il y a un changement de partenaires, au niveau de l’organisation. Du coup, le titre va se jouer en une seule manche au lieu de se jouer en plusieurs étapes comme cette année. Tu en penses quoi?
Nathalie Mauclair : Je pense qu’initialement c’était une bonne idée puisque c’est bien d’avoir une manche où au moins tout le monde sera présent, c’est ce qu’on peut espérer sur la manche du Championnat de France. Je regrette un peu que le TTN soit encore sur autant de manches parce qu’en fait, cette année, par exemple, avec Fiona, puisque c’était ma principale rivale, Fiona Porte, on s’est croisées, quoi, on a fait quatre courses où on était au départ, 3 ou 4 courses où on était ensemble au départ. Mais, après, vu qu’il y a sept compétitions, en fait, et qu’il faut en choisir trois; trois pour l’année prochaine et cette année, il fallait en choisir quatre. En fait, on n’a pas vraiment, on n’a pas tout le temps couru ensemble. Donc, moi, j’aurais espéré que le TNN soit sur un nombre de manches plus réduites pour qu’il y ait plus de confrontations entre les athlètes.
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Jean Marc : D’accord. Mais est-ce que pour toi ça représente un avantage ou un handicap que cela va se jouer sur une seule manche?
Nathalie Mauclair : Je pense que je vais avoir moins de chance de garder mon titre, quand même. Ce serait plutôt un handicap. Justement, mes adversaires vont se préparer, je pense, pour cette manche unique. Après, ça dépend du terrain, de l’endroit où ça va avoir lieu, du profil de course, donc, je pense que compte tenu de mon parcours et de mon profil, ce serait plutôt un handicap.
Jean Marc : D’accord. Tu as intégré cette année, il n’y a pas longtemps, le Team Lafuma Vibram.
Nathalie Mauclair : Oui.
Jean Marc : Alors, une question toute simple… Pourquoi eux et qu’espères-tu que cela va t’apporter?
Nathalie Mauclair : Alors, en fait, ce n’est pas si récent. Il y a trois ans quand j’avais démarré la prise de la course à pied, en fait, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le Team Raid Lafuma Vibram. J’étais partie faire un raid en Chine avec eux et puis, ils m’ont gardée dans l’équipe et donc, depuis, je fais quelques raids, deux à trois raids par an avec l’équipe de raid Lafuma Vibram et c’est l’année dernière effectivement que Virginie Pechon, responsable communications de Lafuma Trail, m’a contacté pour intégrer le Team Trail et j’ai accepté parce que je connaissais déjà leur philosophie, l’approche sportive, quoi, ce qu’ils attendaient des sportifs. Et puis, ça donnait du sens, en fait, de faire partie du Team Raid et du Team Trail. Ça me permettait d’avoir un seul sponsor et d’évoluer dans les deux spécialités. Donc, je ne regrette pas mon choix, quoi. Ça c’est bien passé sur 2012 et c’est pour ça que je continue en 2013.
Jean Marc : D’accord. Quand tu dis que tu fais des raids multisports, c’est des longues distances, c’est des courtes distances en raid?
Nathalie Mauclair : Alors, il y a différents profils de course. J’ai fait en septembre les Championnats du Monde de raids multisports. Donc là, c’était Raid in France. Donc là, c’était un profil long. On est partis sur sept jours en autonomie avec…. Donc, on a parcouru 500 kilomètres avec 22 000 mètres de dénivelés positifs.
Jean Marc : Wow!
Nathalie Mauclair : Donc, oui, c’était une grosse, grosse expérience. Malheureusement, on n’a pas été classé parce qu’on a un équipier qui s’est blessé. Donc, les Championnats du Monde, les coupes en international, à chaque fois, il y a trois garçons et une fille. Donc, là, il y a un garçon qui s’est blessé. Donc, on a continué avec les deux autres équipiers. On est allé jusqu’au bout. Donc, sans se prendre de barrières horaire, en fait, si on avait été classés, on aurait été 15e , ce qui était une assez belle performance sur 80 équipes au départ. Autrement, après, il y a des formats différents. Là, c’est vraiment le plus grand raid que j’ai fait. Après, il y a des formats où c’est sur 4-5 jours et on dort la nuit. Et puis, il y a les coupes de France qui sont sur les weekends. En fait, on démarre souvent le samedi matin et ça se finit le dimanche midi. À chaque fois, il y a du VTT, de la course à pied, du canoë, et puis après des activités annexes, des descentes en rappel, de la spéléo, du roller, des choses comme ça.
Jean Marc : En fait, il faut être vachement complet. Comment tu gères les entraînements parce que quand tu participes à une compétition comme ça, j’imagine que pendant un certain temps, tu ne veux pas trop faire de trail, par exemple. Ça ne te handicape pas trop?
Nathalie Mauclair : Non, parce que dans ma préparation trail, déjà, j’ai le vélo qui est intégré. Donc, en fait, toutes les semaines, je fais minimum deux sorties de vélo, voire trois; donc, soit vélo de route, soit VTT. Et puis, je fais aussi de la natation. Don, du coup, quand je prépare un raid, et bien, je transforme la natation en canoë. Donc, je fais un peu plus de volume. Effectivement, je ne prévois pas un trail dans ma période de préparation pour un raid, mais pour moi, c’est complémentaire.
Jean Marc : D’accord. Trail, VTT, natation, spéléo et compagnie… comment tu t’organises pour tes entraînements?
Nathalie Mauclair : Je n’ai pas d’entraînements de spéléo. Mes activités sont courses à pied, vélo, natation et donc canoë. En fait, je fais 10 à 15 heures de sport actif par semaine et puis après, j’ai cinq heures que je consacre à de la récupération, massages, étirements, renforcements musculaires. Bien, c’est de l’organisation. Beaucoup de travail le weekend, beaucoup de travail, beaucoup d’entraînements le weekend où là, je fais près de 10 heures et puis après bien la semaine, c’est ou le midi quand je peux me dégager au travail ou le soir.
Jean Marc : Ça fait un sacré programme…
Nathalie Mauclair : J’ai la chance d’avoir un mari qui me soutient complètement dans mes activités, dans mes projets. Bien, il me seconde beaucoup pour les enfants. C’est même lui, disons qu’il me seconde pas, il est en première ligne pour les enfants. Et puis, bien oui, c’est de la collaboration. C’est une petite équipe à l’intérieur de la maison.
Jean Marc : Ah, oui, oui! C’est certain. Quand tu parles de récupération, tu as parlé de massages, mais est-ce que tu fais aussi de l’électro stimulation, par exemple?
Nathalie Mauclair : Pas beaucoup. Bon, ça m’arrive. Je suis équipée. J’ai un Compex chez-moi mais je m’en sers assez peu. J’ai la chance de travailler dans un centre de rééducation. Je fais plutôt de la presso thérapie pour favoriser le retour veineux, drainage des toxines au niveau des jambes. Donc ça, ça dépend des périodes, mais ça, je peux en faire régulièrement. Et puis, surtout étirements, beaucoup d’étirements, c’est ce qui m’a permis de repartir suite à ma blessure de l’année dernière, étirements et renforcements musculaires.
Jean Marc : D’accord. Je vois que tu parles beaucoup de ta blessure. C’était quelle blessure que tu as eue l’année dernière?
Nathalie Mauclair : C’était une tendinite au niveau pyramidal, la fesse gauche. Et puis après, ça s’est déplacé vers l’ischio jambier. Oui, ça a été une période difficile à vivre.
Jean Marc : Oui. Surtout quand on fait beaucoup de sports, j’imagine que ça doit être devenir compliqué. Pour en revenir à Lafuma, tu utilises exclusivement leur matériel?
Nathalie Mauclair : Oui. Oui, oui! Je cours avec leurs chaussures de trail , et aussi les vêtements, tous les vêtements techniques. Et puis aussi en raid, on utilise beaucoup les sacs à dos. En compétition de trail aussi, j’utilise les portes-gourdes. J’utilise exclusivement leur matériel et je trouve que c’est du bon matériel qui est bien adapté à nos contraintes pendant les courses.
Jean Marc : O.K. Je vois que tu es très rigoureuse au niveau des entraînements, de la récupération. Es-tu aussi très rigoureuse au niveau alimentaire?
Nathalie Mauclair : Je crois que c’est un peu mon point faible. J’essaye, j’essaye, mais je suis plutôt d’un profil gourmand. Donc, c’est toujours un peu compliqué d’atteindre le poids de forme avant une compétition. Mais, oui, oui! Je suis obligée de m’imposer quand même une certaine rigueur.
Jean Marc : D’accord. Tu es suivie par un diététicien ou non?
Nathalie Mauclair : Non. Alors, je suis infirmière quand même de formation. Maintenant, je suis cadre infirmier, donc, j’encadre les équipes soignantes dans un centre de rééducation. Ma formation initiale d’infirmière me permet quand même d’avoir des connaissances et puis bien, j’approfondis par mes lectures et puis bien par le partage avec les autres traileurs et puis aussi avec OVERSTIM.s qui est aussi un des mes sponsors au niveau nutritif.
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Jean Marc : D’accord. Donc, ça veut dire que tu utilises les gels, les barres OVERSTIM.s?
Nathalie Mauclair : J’utilise essentiellement des barres pendant les compétitions et puis les boissons d’hydratation.
Jean Marc : D’accord. Et donc, pour en revenir à la future année 2013, tu as parlé des Championnats du Monde qui seront ton principal objectif. Quels seront tes autres objectifs?
Nathalie Mauclair : Ils ne sont pas encore complètement posés. Donc, il y aura un raid au niveau international, donc un raid de 4-5 jours. Et puis, après, je ne sais pas encore. Ce n’est pas encore planifié vraiment. Donc, oui, je voudrais aussi caler une compétition internationale avant les Championnats du Monde. Et puis après, bien, il y a aura un ou deux trails de préparation au niveau national, mais je n’ai pas encore bien établi mon calendrier.
Jean Marc : D’accord. Quelles sont les principales différences entre le trail et le raid multisports?
Nathalie Mauclair : En raid, ce sont des activités qui sont plus longues dans le temps, dans la durée. Donc, du coup, on ne peut pas être à fond tout le temps. Il y a forcément des moments où on est plus bas au niveau du rythme cardiaque. On ne peut pas tenir une fréquence cardiaque trop élevée tout le temps. Donc, c’est un rythme inférieur, je dirais, au niveau de l’activité physique. Par contre, ça me permet de travailler mon mental parce que, du coup, il faut tenir longtemps, faut pas se décourager, faut courir la nuit, faire du canoë la nuit. Bon, il y a tout ce paramètre aussi environnemental qui joue. Bien, sur un trail de même 7 heures ou 8 heures, là, du coup, l’objectif c’est essayer de courir le plus vite possible sur cette durée-là. Et là, c’est vraiment un effort que je considère quand même plus violent.
Jean Marc : En raid multisports, l’entente avec les collègues se passe bien?
Nathalie Mauclair : Oui, jusque-là… Bon, on se connaît un peu à l’extérieur, mais bon, c’est vrai que mes partenaires du Team Raid sont surtout dans la région de Valence ou Annecy. Donc, je les croise essentiellement sur les compétitions. Mais, ça s’est toujours bien passé, on s’est toujours bien entendus. On a des réunions téléphoniques de préparation. Et puis, quand on part, quand on prend le départ d’une course, on sait qu’on est là, bien, pour partager cette compétition ensemble et, du coup, chacun donne le meilleur de lui-même et ça se passe bien.
Jean Marc : Très bien. Maintenant, on va passer aux questions des lecteurs, si tu le veux bien. Donc, on va commencer par une question de Lionel qui dit : «Bonjour Nathalie. Comment articules-tu tes séances spécifiques longues en montagne et tes séances de qualités dans la mesure où tu te situerais à deux mois de ton objectif (trail long)?
Nathalie Mauclair : Alors, en fait, moi, je ne fais pas de sorties en montagnes puisqu’en Sarthe, c’est plutôt plat. Je fais des sorties longues. Alors, en fait, je fais une grosse charge de travail . Donc, si j’ai une compétition, donc, un trail qui est prévu, les quatre semaines et troisièmes semaines avant le trail, ce sont des grosses semaines avec du volume et puis de l’intensité. Donc, ce sont de grosses semaines de travail. Les semaines qui précèdent, bien, je dirais que ce sont des semaines normales, pour moi, d’entraînement. En général, j’essaie de faire deux sorties de vélo dans la semaine. Il y a au moins une fois de la natation aussi. Après, je fais une sortie longue, une sortie de fractionnés courts, une sortie de fractionnés longs. Globalement, c’est ce que je positionne sur mes semaines. Et puis, donc, après, il y a les deux grosses semaines de travail et puis après les deux dernières semaines qui précèdent la compétition. Donc, la dernière semaine, elle est très, très allégée. La semaine d’avant, elle est un peu plus allégée aussi.
Jean Marc : Bien. Alors maintenant, on va passer à une question de Geoff. Alors, il y en a plusieurs. On va commencer par la première. Sachant que l’organisme est extrêmement sollicité sur du long trail, quelle est la durée du repos complet d’après course, pour toi?
Nathalie Mauclair : Alors, en fait, je fais très peu de repos complet. J’en ai fait après mon raid multisports, alors au mois de septembre. J’en ai fait après les Templiers parce que, bien, c’était la fin de saison et je me sentais vraiment fatiguée. Donc, là, ces deux fois-là, j’ai fait 10 jours de repos complet. Mais autrement, tout au long de la saison, je n’ai pas fait de repos complet. En général, si je cours le samedi ou le dimanche, le mercredi, je remonte sur mon vélo. Et puis, je trottine le vendredi ou le samedi. Je vais à la piscine le vendredi, quoi. Je reprends tranquillement une activité pour remettre les muscles en action, mais vraiment tout doux.
Jean Marc : Alors, sa deuxième question maintenant. Tu as réalisé tes plus belles perfs. sur des courses avec assez peu de dénivelés. As-tu pour projet de courir des courses avec un dénivelé positif plus important?
Nathalie Mauclair : Oui. Oui, oui parce que, bien donc, aux Championnats du Monde, je pense qu’il y aura plus de dénivelé. Bon, en même temps, j’ai fait aussi deux fois les Templiers où il y a 3 000 mètres, plus de 3 000 mètres de dénivelés positifs. Je fais des raids quand même où il y a du dénivelé positif. Donc, bien, on verra sur mon calendrier de course. Mais, moi, je défends aussi le fait que le trail ce ne soit pas forcément avec beaucoup de dénivelés. Il faut rappeler que c’est une course nature. Après, effectivement, quoi, on habite dans le sud, on a la chance de pouvoir faire plus facilement beaucoup de dénivelés, mais des traileurs, il y en a partout sur la France et je pense qu’on peut se faire plaisir avec des courses de trail sans avoir forcément beaucoup de dénivelés.
Jean Marc : Je suis d’accord avec toi. Fais-tu une coupure dans l’année et par quel type d’entraînement reprends-tu?
Nathalie Mauclair : Donc, en fait, comme je le disais précédemment, non, je ne fais pas vraiment de coupure dans l’année. Donc, là, depuis les Templiers… comme je disais, coupure complète de dix jours et depuis, bien, j’ai repris vraiment tranquille, histoire de garder une petite activité physique. Là, je vais reprendre des entraînements un peu plus soutenus pour les cross, quoi, soutenus en intensité, mais pas de longs entraînements, pour regagner du rythme pour faire des cross à partir du mois de janvier avec mes collègues de mon club. Et puis, après, on reprendra des entraînements plus adaptés au trail à partir du mois, fin janvier début février.
Jean Marc : Quand tu dis que tu fais beaucoup de volume, quelle est la durée de tes séances? C’est de la rando de course? C’est de longues séances? De combien de temps à peu près?
Nathalie Mauclair : Je fais très peu de rando de course. Par contre, je fais des entraînements…parce que donc en Sarthe, on peut, on peut toujours courir, en fait. Le dénivelé ne nous impose pas de monter en marchant. Donc, en fait, mes sorties longues, elles sont de 30, 35 kilomètres. Donc, ça fait, deux heures et demie, trois heures maxi.
Jean Marc : Est-ce que tu fais des enchaînements VTT et course à pied ou course à pied-VTT?
Nathalie Mauclair : Je ne les fais pas en enchaînement, mais sur une journée, il peut même m’arriver de faire trois activités. Le matin, à vélo, l’après-midi, canoë, et puis le soir, je repars pour courir. Mais, je ne les fais pas enchaîner.
Jean Marc : O.K. On va passer à une question de Laurent Vautrin qui dit : «Pour tes séances de travail en côtes, peux-tu dire que tu travailles ta VMA? Ou alors, est-ce qu’une séance de côtes à un bon rythme peut remplacer une séance de VMA?»
Nathalie Mauclair : Alors, moi, je ne suis pas de l’école d’athlé. Alors la VMA, ça ne me cause pas beaucoup. Je travaille vraiment aux sensations. Bon maintenant, je me connais assez bien. Je sais jusqu’où mon cœur peut monter, mes limites. Mais, donc, oui, la VMA, pour moi, ça me parle pas trop. Quand je fais des séances de côtes, j’ai remarqué, j’ai mes petits chronos de référence. Moi, je travaille plus aux chronos, du coup. Et puis, bien, j’essaie de donner le meilleur de moi-même et puis d’avoir de bonnes sensations au niveau des jambes.
Jean Marc : Est-ce que tu utilises un cardiofréquencemètre, un GPS?
Nathalie Mauclair : Oui, oui! J’ai un GPS cardiofréquencemètre et je l’utilise en course. Même sur des trails longs, je le prends. Parce que le cardio, ça me permet, d’avoir des données objectives et de voir si mon rythme baisse trop, bien, de me relancer, de me remotiver. Je me dis : «Allez, tu es trop basse. Faut que tu repartes! Relance-toi, quoi!» Donc, oui, je cours avec.
Jean Marc : Maintenant, on a une question de Sean qui demande lui : «Qu’est-ce qui te fait tenir mentalement sur les longues distances? À quoi penses-tu pour continuer d’avancer et résister au froid, à la pluie et à la nuit?»
Nathalie Mauclair : Bien, je pense à mes expériences positives que j’ai pu avoir avant. Donc là aussi, je vais faire référence au raid parce qu’on court plus la nuit. Donc, du coup, ça nous renforce mentalement. Bien, je cherche des images positives. Je pense à mes enfants. J’essaie de jouer des situations comme à Gruissan où il y avait un vent glacial. Je jouais avec le vent. Je me portais sur le vent. J’essaie de positiver les situations et puis, je me dis : «Plus vite je vais courir et plus vite je vais arriver au bout et donc, moins longtemps ça va durer.»
Jean Marc : Cette année, tu as été première du trail du Golfe du Morbihan, première du Gruissan Phoebus Trail, deuxième de l’Éco Trail et première au trail des Gendarmes et des Voleurs. Quelle a été la plus belle victoire pour toi?
Nathalie Mauclair : Ah, les Gendarmes et les Voleurs. C’était vraiment une course qui a été facile pour moi alors qu’il y avait quand même 65 kilomètres, je crois, et un dénivelé supérieur à ce qui était annoncé. Mais, ça s’est vraiment passé tout seul. Quand je suis arrivée, en fait, je suis arrivée 7e au classement scratch. Donc, c’était vraiment le plus beau résultat que j’ai fait sur mes courses cette année. Et, j’ai vraiment pris plaisir et c’était vraiment mon meilleur souvenir.
Jean Marc : Et ton plus mauvais souvenir de la saison?
Nathalie Mauclair : Ah, c’est L’Eco Trail. L’Eco Trail, parce que je pense que c’était là où j’étais le mieux préparée. J’étais bien affûtée. J’avais fait toutes mes séances d’entraînement. Tous les indicateurs étaient au top. En fait, il a fait très chaud. C’était un samedi. Déjà, le départ à midi où il faisait très chaud. J’ai bu, mais en fait, j’étais trop couverte. Je suis partie avec un sac à dos alors que j’aurais dû partir, je pense, avec la gourde. Je me suis déshydratée et les deux dernières heures de course, c’était vraiment difficile. Difficile, difficile! Bien, là aussi, j’ai retenu la leçon que ce n’est pas parce qu’on a tout bien fait l’entraînement, et bien, les petits détails comme l’équipement, comment on s’habille. Tous ces petits détails, bien, sont importants. Comme quoi, la victoire parfois, ou l’échec, tient à peu de chose.
Jean Marc : Quand tu prépares une course, est-ce que tu regardes le profil de la course, le dénivelé, les endroits où tu vas passer? Est-ce que tu fais des reconnaissances?
Nathalie Mauclair : Alors, je ne fais jamais de reconnaissance parce qu’en général c’est assez loin de chez moi et, du coup, ça engendre des déplacements importants. Par contre, oui, je regarde le profil de la course. Je regarde où il y a les ravitaillements puisqu’en fait, c’est mon mari qui me fait les ravitaillements. Donc, souvent la compétition est le samedi soir ou le dimanche matin, on prend la route le vendredi. Comme ça, le samedi, on va repérer les endroits de ravitaillements. Donc, moi, ça me permet aussi de visualiser. En fait, je découpe la course en différentes étapes. Et je sais qu’à ces étapes, je croiserai mon mari, j’arriverai à tel endroit. Je coupe aussi le parcours en différentes étapes. Je sais qu’il y a des montées à cet endroit-là, que ça descendra à cet endroit-là. Même si je n’ai pas reconnu physiquement, je connais le parcours.
Jean Marc : Quelles sont les courses que tu aimerais faire? L’UTMB, le Grand Raid de La Réunion? Est-ce que ce sont des courses qui t’attirent? Des formats de courses qui te plairaient de faire?
Nathalie Mauclair : Je commence à regarder. Jusque-là, je me disais que c’était courir pendant trop longtemps. Et puis, là, je me dis bon maintenant avec tout ce que j’ai fait, je pense que je devrais être plus aguerrie. L’UTMB, peut-être pas encore. Je regarde un peu le côté exotique du Grand Raid. Pourquoi pas?
Jean Marc : Donc, on peut dire que, peut-être pas, certainement pas l’année prochaine, mais dans les quelques années à venir…
Nathalie Mauclair : Voilà!
Jean Marc : On te verra là-bas ?
Nathalie Mauclair : J’espère.
Jean Marc : Et voilà, donc, l’interview est en train de s’achever. Un petit mot pour la fin, Nathalie?
Nathalie Mauclair : Et bien, je suis contente d’avoir participée à cette interview. Et puis, comme je le disais en tout début d’introduction, pour moi cette notoriété est tout à fait nouvelle. Donc, je prends plaisir dans toutes ces nouvelles expériences. J’espère pouvoir promouvoir encore cette image du trail pendant quelques années.
Jean Marc : Ça serait très bien. On te félicite pour ton titre. En espérant qu’il y en ait d’autres et qu’aux Championnats du Monde tu fasses une superbe performance, pour la France.
Nathalie Mauclair : J’espère aussi. Là, on y va plus, je pense pour moi, j’y vais plus pour l’équipe, être un bon élément dans l’équipe et si on pouvait tirer notre épingle du jeu et revenir là aussi comme mes collègues, je veux dire, ils l’ont fait il y a deux ans avec une médaille d’or par équipe. Ça serait super!
Jean Marc : C’est vrai qu’ils ont mis la barre assez haute.
Nathalie Mauclair : Oui. Tout à fait. Et puis, bien, Maud, reste une référence pour moi. Donc, je suis fière de partir avec elle. Et puis, oui, on s’est croisées quelques fois, d’échanger. De l’avoir comme coéquipière dans l’équipe, c’est vraiment super, ainsi que toutes les autres filles qui sont dans l’équipe.
Jean Marc : O.K. C’est parfait, Nathalie! Je te remercie pour cette interview.
Nathalie : Merci à toi!
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Auriez vous eu d’autres questions à poser à Nathalie Mauclair ? N’hésitez pas, je transmettrais 😉
Auteur/autrice
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Préparateur Mental, Mentor des Sportifs et Sportives Motivés, Entraineur FFA 1er Niveau. Entraineur Triathlon BF5. Titulaire du tronc commun du BEES. Titulaire d'une formation de base nutrition certifiée CPD. Auteur des livres « Le Manuel pour Courir Plus Vite » et « Le Manuel pour Perdre du Poids en Courant »
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4 Responses
Interview très intéressant…
Bien choisie….l’Athlète ! Elle vient de remporter les championnats du monde trail.
Tu la connais personnellement ? ou pourquoi l’avoir choisie…?
A bientôt
Karine
Bonsoir Karine,
Je ne la connais pas personnellement. je l’ai interviewé après qu’elle fut championne de France. Je me sens presque obligé maintenant de faire le forcing pour avoir une petite interview à nouveau 😉
En tout cas, cocoricooooo, on a une championne du monde de trail !!!