Courir en chaussures minimalistes , c’est devenu un des nombreux sujets de discussion entre coureurs à pied, que la pratique sportive soit sur la route ou en trail. Beaucoup d’interrogations et questions fusent sur les forums. Il est vrai que l’on entend tout et son contraire et qu’il est très difficile de se faire un avis définitif.
Préambule
A cette occasion, je reçois dans nos studios Daniel Dubois, coauteur du livre » Barefoot & Minimalisme, courir naturel « . Il a gentiment répondu à mon invitation et j’espère que dans cette interview où l’on discute de la foulée médio pied, de la transition vers le minimalisme, de la chaussure minimaliste, des blessures du coureur, et bien d’autres sujets, vous en saurez plus.
Transcription écrite de l’interview de Daniel Dubois
Jean-Marc : Bonjour et bienvenue sur le blog testeurs-outdoor.com/new. Aujourd’hui je reçois Daniel Dubois coauteur de « barefoot et minimaliste, courir naturel » et aussi ostéopathe. Bonjour Daniel.
Daniel Dubois : Bonjour Jean-Marc.
Jean-Marc : On rentre directement dans le vif du sujet.
Daniel Dubois : Tout à fait.
Jean-Marc : Quelle est pour toi la définition du minimalisme ou de la foulée minimaliste ?
Définition de la foulée minimaliste
Daniel Dubois : Alors la foulée minimaliste c’est la foulée naturelle, c’est-à-dire la foulée médio-pied, la traduction midfoot des Anglo-saxons. On peut éventuellement utiliser aussi le terme d’avant pied. On utilise le terme médio-pied puisqu’avant-pied fait souvent référence aux orteils, aux têtes de métatarsiens, médio-pied c’est plus la partie antérieure du pied, c’est-à-dire tout ce qui se trouve en avant de l’arrière-pied tout simplement.
Jean-Marc : Et donc cette foulée médio-pied que tu décris là, comment se fait-il qu’on l’ait oublié pendant de nombreuses années ?
Daniel Dubois : En fait, on ne l’a peut-être pas tant oublié que ça. Il y a un exemple très simple, c’est qu’on me dit souvent « mais il y a des coureurs qui courent avec des chaussures amorties, ce qu’on va appeler les grosses chaussures comme dit Blaise Dubois de Montréal et qui ne se blessent pas. Vous dites toujours que l’amorti risque de blesser et pourtant ils ne se blessent pas tout simplement parce qu’ils ne s’en servent pas. Ils courent médio-pied. Autrement dit, ils ont des chaussures amorties qu’ils n’utilisent pas en tant que tel. Donc c’est en fait la foulée naturelle que beaucoup de coureurs ont.
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Ce qui est un petit peu dommage, c’est que beaucoup de sujets se mettent à courir, alors qu’en fait courir c’est comme n’importe quelle autre activité sportive, c’est quelque chose qui pourrait tout à fait s’apprendre, bien que ce soit une allure tout à fait naturelle, tout à fait innée, on court comme on marche, mais néanmoins quand on veut en faire véritablement une activité sportive, quand on recherche la performance, on cherche à bien faire sans se blesser. On devrait en fait apprendre à courir et là dans un club d’athlétisme il y a des entraîneurs, les coachs comme on dit maintenant, qui sont là pour apprendre la bonne foulée.
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Comment avoir la bonne foulée ?
Jean-Marc : D’accord. Mais comment on peut savoir par exemple qu’on a justement la bonne foulée, la foulée médio-pied si on a pas recours à un coach ou à un entraîneur si on ne fait pas d’athlétisme en club ?
Daniel Dubois : Ce n’est pas compliqué. Il suffit de prendre pour exemple le coureur qui va faire une transition, c’est-à-dire qu’il avait par exemple une foulée talon avec une chaussure amortie et qui va se mettre d’un seul coup à courir pieds nus ou en chaussures minimalistes, on y reviendra tout à l’heure c’est exactement la même chose, il n’y a qu’à simplement étudier ses réactions.
La première, pour ne pas dire la seule remarque que ces coureurs font c’est de dire « oh la la c’est incroyable ce que je ressens dans mes muscles des cuisses, quadriceps en particulier et dans mes mollets. C’est incroyable ce que mes muscles fatiguent. » Tout simplement, si on veut savoir si on a cette bonne foulée, il suffit d’étudier sur un parcours plat, si possible en quittant ses chaussures. Nous c’est ce qu’on recommande en général, car c’est le meilleur moyen sur quelques centaines de mètres de sentir les bonnes sensations, ou avec sa chaussure minimaliste, et d’étudier ce qui se passe. Très rapidement, dès les quelques premières centaines de mètres, on sent cette sensibilité importante au niveau des quadriceps et au niveau des mollets, et ça c’est la preuve évidente d’une foulée médio-pied.
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Chaussures minimalistes : l’expérience personnelle de Daniel
Jean-Marc : D’accord. On va parler un petit peu de ton expérience personnelle maintenant. Comment en es-tu venu à courir naturel et combien de temps par exemple as-tu mis pour courir pieds nus ? Car, on peut le rappeler pour les lecteurs et les auditeurs, tu cours pieds nus.
Daniel Dubois : Tout à fait. Alors moi c’est une double raison, une double motivation. C’était l’époque dans les années 70 et 80 où je faisais mes études à Paris de kiné puis d’ostéopathe où je me suis posé un petit peu la question. C’était l’époque également où le jogging éclatait dans les rues. On commençait à voir avec des grands yeux écarquillés des coureurs qui commençaient à courir sur les trottoirs. Et déjà je me suis posé la question de ces chaussures qui venaient à l’époque, ces fameuses chaussures amorties, et je me suis posé la question de me dire « mais finalement à quoi ça sert ? »
Avec la foulée que j’apprenais sur le plan biomécanique à l’époque, je me suis dit que ce n’était pas logique et que j’allais étudier ça de très près. Concours de circonstances, heureux ou malheureux, je ne sais pas trop, j’ai eu un accident de voiture assez sérieux et j’avais eu entre autres le pied droit qui avait été relativement broyé. Je cohabite toujours d’ailleurs avec des vis et des broches depuis plus de 30 ans, avec lesquelles je cours tout à fait et il s’est trouvé que je n’ai pas pu me rechausser au début puisque j’avais un avant-pied raide et que donc la chaussure « cassait » au mauvais endroit.
J’en ai parlé à mon entraîneur de l’époque qui m’a dit d’essayer de courir pieds nus sur piste parce que je ne pouvais pas me chausser. C’est comme ça que j’y suis venu. Depuis ça ne m’a pas quitté. J’ai ensuite couru hors stade, puis je suis allé jusqu’au marathon dans ces conditions-là et maintenant je ne suis plus le seul parce que j’ai été rejoint par d’autres coureurs.
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Chaussures minimalistes et entretien des pieds
Jean-Marc : Tout à fait. Et du coup, j’ai une question toute simple : comment entretiens-tu tes pieds ? Tu n’as pas peur de marcher par exemple sur un morceau de verre ou autre ?
Daniel Dubois : Alors, le morceau de verre c’est le grand fantasme. C’est la phobie qu’on me ressert régulièrement. D’abord il n’y a pas autant de verre que ça sur les trottoirs et encore moins sur les routes, notamment dans les régions de campagne. Il faut se méfier bien sûr. On apprend à regarder devant soi, ce qui n’est pas toujours le cas quand on a de grosses chaussures. On apprend à regarder où on met les pieds.
Le morceau de verre c’est ce que l’on voit le plus, c’est ce que l’on voit le mieux. Ça brille même le soir, même en ville à la lueur des réverbères. Il n’y a rien qui brille mieux qu’un morceau de verre. Personnellement, je ne me suis on peut dire jamais blessé, en tout cas grièvement, avec un morceau de verre. Ça s’enlève avec des petites pinces tranquilles, mais il y a aussi d’autres inconvénients. Il faut éviter de courir dans le caniveau et courir très près des bacs à déchetterie dédiés à cet effet et on échappe tout à fait à ce genre de chose et on apprend encore une fois spontanément à regarder où on met les pieds.
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Quant aux soins, je dirais que c’est des soins d’hygiène évidemment. On me dit toujours que c’est sale de courir pieds nus dans les rues. C’est vrai, mais ça se nettoie. Je fais observer que moi je nettoie mes pieds après chaque séance, ce qui n’est pas toujours le cas, on ne nettoie pas toujours ses chaussures quand on rentre d’une course chaussée. Au niveau des soins, ce sont des soins tout à fait banals avec simplement l’application de crèmes hydratantes, car il y a quand même un dessèchement, mais sinon il n’y a absolument aucun soin particulier. Les coussinets, ce qu’on appelle les coussins plantaires, les capitons plantaires se renforcent petit à petit. Et j’en reviens au problème de la durée de transition et d’adaptation. Il faut compter plusieurs mois, je considère qu’il faut à peu près 1 an pour pouvoir courir pieds nus ou en chaussures minimalistes dans des bonnes conditions.
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Retour sur le livre » Barefoot & minimalisme, courir naturel «
Jean-Marc : OK. Le livre est sorti il y a 1 an maintenant, donc je rappelle le livre « barefoot et minimaliste, courir naturel » que tu as écrit avec Frédéric Brossard. Y a-t-il eu d’après toi plus d’adeptes en France ? Est-ce que tu sens un frémissement dans les coureurs ?
Daniel Dubois : Le constat d’abord nous fait un énorme plaisir. Avec Fred on s’était dit qu’on allait peut-être avoir 600-700 exemplaires, avec notre petite expérience avec les coureurs (il en a une plus grande que la mienne encore au niveau du public), on s’était dit c’est à peu près tout. Je crois qu’on doit en être actuellement à 2500 exemplaires, y compris une diffusion hors Atlantique, au Canada.
Donc ça dépasse largement les espérances, et c’est surtout, je le vois par l’intermédiaire de mon blog, il y a surtout actuellement un engouement on va dire qui dépasse et qui casse un petit peu ce mythe de la mode, ce mythe de la nouveauté qui entreprend tout le monde. Je pense qu’actuellement il y a une prise de conscience. Il y a beaucoup de publications qui ont été faites, pas seulement de ma part, mais c’est paru maintenant dans pas mal de revues spécialisées et le minimalisme commence à devenir un véritable point d’interrogation et on essaye d’y apporter toutes les réponses adaptées et je pense qu’on va en reparler tout de suite après.
Jean-Marc : Tout à fait. Comme aux Etats-Unis, en France il y a aussi des critiques vis-à-vis de la course minimaliste, par exemple que cette pratique ne s’appuie pas réellement sur des études scientifiques. Tu leur réponds quoi ?
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Les critiques vis à vis du minimalisme
Daniel Dubois : Je leur réponds d’abord une chose qui me parait évidente, c’est qu’on nous reproche de ne pas avoir d’études scientifiques et c’est vrai qu’il n’y a pas d’études scientifiques au sens du caractère véritablement scientifique de l’étude. Je signale tout de même en passant qu’il n’y en a jamais eu aucune non plus à ma connaissance par rapport à la chaussure à amorti du talon. On s’est basé sur des notions dérivées notamment de la marche humaine, sur des fausses notions de la course à l’époque pour dire « ah la, les pauvres coureurs qui vont se mettre à courir sur les trottoirs, donc sur du dur, ils vont se faire un mal de chien, et il faut absolument leur mettre un talon renforcé sinon ils vont se faire mal au dos. »
C’était à l’époque l’argument majeur, mais il n’y avait aucune étude scientifique et je dirais presque heureusement parce qu’une étude scientifique aurait démontré cela. Il n’y a donc pas d’étude scientifique réellement à propos du minimalisme. Par contre il y a des études qui ont été faites, notamment on cite toujours la référence de Daniel Lieberman de la faculté d’Harvard, c’est un anthropologue, un biomécanicien qui a fait des études sur tapis roulant. Ce sont des observations bien évidement, mais ce sont des observations qui sont critiquées, ce sont des observations qui sont justifiées, argumentées, et je dirais que maintenant leur multiplication y compris les observations que l’on fait en France, valent toutes les valeurs scientifiques puisqu’encore une fois ce sont des observations avec résultats qui là par contre, de mois en mois, se multiplient avec des retours tout à fait positifs.
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Jean-Marc : D’ailleurs, à propos de cette étude que tu évoques là, le fait que ce soit Vibram, c’est l’une des plus grosses marques des chaussures minimalistes, qui ait été le financeur de l’étude, ça a porté à caution notamment, et finalement est-ce que ça n’a pas plus de tort que de bien cette étude ?
Daniel Dubois : Oui peut-être bien sûr. Il se trouve que les premières chaussures que j’ai portées c’étaient des Vibram five fingers, pour une simple raison c’est qu’à l’époque c’étaient les seules qui étaient sorties sur le marché. Pour toutes ces études qui sont très chères, il faut bien sûr des sponsors.
Il ne faut pas oublier non plus, on ne va pas lancer une polémique là-dessus, que beaucoup d’informations et de formations médicales, notamment sur le plan médicamenteux, ça a fait l’objet de pas mal de reportages ces derniers temps, de vives critiques, sont également financées par l’industrie pharmaceutique.
On peut toujours trouver des conflits d’intérêts c’est évident. Mais il n’empêche que les observations qui sont faites ne sont pas discutables. Une observation on ne peut pas la discuter. On nous dit toujours, j’en profite pour le marteler, qu’il n’y a pas d’observation scientifique. Je suis désolé, les observations sont faites sur la physiologie, et on m’a toujours enseigné que la physiologie c’est une science. Donc tout ce qui est observé, corrélé par des commentaires et par des observations médicales sont ni plus ni moins des études scientifiques.
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L’importance de la transition
Jean-Marc : D’accord. Tu es revenu plusieurs fois sur la transition pour passer d’une paire de chaussures on va dire de running basique à des chaussures minimalistes. Peux-tu expliquer au lecteur pourquoi cette transition est si importante ?
Daniel Dubois : C’est la pierre angulaire du minimalisme. C’est-à-dire que si l’on prend pour principe que le coureur a au départ une mauvaise foulée, c’est-à-dire une foulée avec attaque de l’arrière-pied, sur une jambe tendue, avec des tensions non physiologiques, avec des tensions anormales au niveau de ces chaines musculaires, non seulement des membres supérieurs, mais également du bassin et de la colonne vertébrale, il est certain que ce changement brutal qui va être imposé par le fait de quitter les chaussures, de courir pieds nus ou en chaussures minimalistes va automatiquement entraîner d’énormes perturbations, même si c’est dans le bon sens, il faut bien concevoir que ces perturbations sont très importantes.
Il va falloir que l’amorti soit assuré par les muscles. Il va falloir que l’on passe grossièrement d’une foulée dynamique de propulsion à une foulée d’amortissement, à une foulée protectrice du squelette. Ça c’est la pierre d’achoppement, c’est là effectivement, si cette transition est mal réalisée, notamment si elle est faite trop vite, si elle est faite dans de mauvaises conditions, si elle est faite parce qu’on ne juge que l’objectif et la performance que l’on veut continuer, là évidemment cette phase de transition risque d’être dramatique. C’est elle d’ailleurs qui a fait cette mauvaise réputation au départ, je ne veux pas dire que notre livre est le sauveur de l’humanité, mais il est bien évident qu’avant que les publications soient faites, des coureurs ont fait n’importe quoi. C’est absolument évident.
Jean-Marc : D’accord. En tant qu’ostéopathe tu dois souvent rencontrer des coureurs blessés. Quelles sont les différences de blessures entre les coureurs basiques et les coureurs minimalistes ?
Daniel Dubois : Il faut bien voir aussi que justement ça a fait la mauvaise réputation du « passage au minimalisme ». Il ne faut pas oublier que beaucoup de coureurs sont venus au minimalisme parce qu’ils ont été précédemment blessés et qu’ils ont entendu dire, ils ont lu maintenant, que le minimalisme aurait pu peut-être éviter un certain nombre de blessures, donc déjà toutes ces blessures, c’est-à-dire essentiellement les périostites, les facites ou un peu névrosites, les tendinites qui sont autant de pathologie que l’on ne rencontre pas ou très peu dans le minimalisme à condition que la transition soit faite correctement.
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Donc toutes les blessures qui sont dues encore une fois au fait que la foulée talon, attaque talon a des caractéristiques gênantes, pathologiques pour les muscles et les tendons en particulier ainsi que les os, et bien ces pathologies n’existent plus dans la course minimaliste pour une simple raison, c’est qu’encore une fois le corps retrouve les conditions physiologiques de course et qu’à partir de ce moment-là, si on observe une transition correcte, je pense qu’on va y revenir, il n’y a pas de blessure particulière. On parle de cette fameuse fracture de fatigue, je pense qu’on va certainement y revenir tout à l’heure parce qu’effectivement c’est le gros reproche qu’on a refait à la course minimaliste.
Jean-Marc : Effectivement, la fracture de fatigue revient souvent. Il y a aussi par rapport à la transition des douleurs souvent qui sont dans les cuisses comme tu l’as dit, mais aussi dans les mollets. Si on ressent ces douleurs-là, doit-on ralentir la transition ? Comment s’y prendre pour faire cette transition sans trop se blesser ?
Chaussures minimalistes : être à l’écoute
Daniel Dubois : Nous avons dans le livre Frédéric Brossard et moi-même, enfin là c’est surtout lui qui a établi ça, fait un plan de transition. Nous en avons discuté lui et moi, je n’étais pas tout à fait d’accord, mais il fallait bien quand même trouver une norme. En fait, ce plan de transition c’est vraiment purement individuel. La seule chose qu’il faut bien comprendre c’est qu’il n’est pas question de se dire « à partir de demain je jette mes grosses chaussures à la poubelle, je n’en mets plus ou je mets des chaussures minimalistes, et je vais refaire demain exactement ce que je faisais la veille ». Ça, c’est suicidaire. C’est la chose à ne pas faire.
Une transition minimaliste c’est un petit peu la remise à zéro, c’est-à-dire qu’il va falloir commencer par quelques centaines de mètres, c’est-à-dire quelques petites minutes de course, et là on va ressentir ces douleurs qui sont encore une fois des douleurs physiologiques puisque d’un seul coup on demande à des muscles d’effectuer un travail qu’ils n’ont pas effectué. C’est exactement comme quand vous déménagez votre appartement et que vous trouvez des douleurs dans le dos, des douleurs dans les bras, dans les épaules, c’est normal.
Ça n’a rien de pathologique. Simplement il faut en tenir compte. Le gros problème, et là je glisse tout de suite un petit peu sur le risque d’accident parce qu’il est lié à ça, c’est qu’un muscle qui se fatigue va être courbaturé, il ne va plus remplir le rôle d’amortisseur qu’on lui demande de remplir. S’il ne remplit plus ce rôle d’amortisseur, alors le squelette n’a plus cette protection, et c’est le squelette, cette charpente rigide, qui va subir les contraintes mécaniques, et il n’est pas fait du tout pour ça. Le résultat c’est que le squelette va souffrir, et qu’à ce moment-là effectivement, si on pousse vraiment trop loin il va y avoir la stress fracture, la fracture de la fatigue.
Les caractéristiques des chaussures minimalistes :
Jean-Marc : D’accord. Pour toi, à partir de quel drop une chaussure est minimaliste ? Parce que maintenant on voit beaucoup de marques qui proposent des chaussures minimalistes, mais elles n’ont pas toutes le même drop.
Daniel Dubois : C’est pareil. On nous a dit chaussures minimalistes égalent absolument drop zéro. Drop zéro c’est on ne peut plus minimaliste. Les chaussures minimalistes, on considère que jusqu’à 4 mm de drop, c’est-à-dire de différence entre l’avant et l’arrière de la chaussure, 4 mm ça ne change pratiquement rien. On considère même que jusqu’à 5-6 mm de drop il n’y a pas véritablement de différence très importante.
Ce qui caractérise surtout la chaussure minimaliste c’est la minceur de sa semelle qui ne fait que quelques mm donc qui va restituer toute la sensibilité, non pas la douleur, mais la sensibilité profonde et superficielle au niveau du pied, et surtout cette absence de talon rehaussé qui va donc permettre aux pieds de s’exprimer normalement avec une semelle bien sûr beaucoup plus souple et beaucoup moins rigide. À partir de là, il s’agit en fait, comme disait d’ailleurs Vibram, d’un chausson souple avec une interface neutre ou presque neutre entre le sol et le pied du coureur.
C’est la chaussure minimaliste. Maintenant, le drop, c’est à voir. Certains préfèrent avoir un drop de 2-3-4 mm, certains préfèrent avoir un drop zéro, ce qui est évidemment le plus logique, mais je dirais que jusqu’à 4 mm il n’y a pas de différence sur le plan physiologique.
Jean-Marc : Pour quelqu’un qui veut se mettre à la course ou à la foulée minimaliste, le fait de diminuer le drop d’une chaussure, par exemple passer de 12 à 8 à 6, est-ce une bonne idée ou doit-on faire immédiatement le grand saut et y aller mollo mollo en appliquant la transition du livre ?
Daniel Dubois : Je vais être très honnête, il n’y a pas vraiment pour le moment encore un recul suffisant pour dire oui ou non il faut une chaussure. On a parlé de chaussures de transition, sans faire de publicité, il y a Sketchers notamment qui a sorti des chaussures de transition, c’est-à-dire avec une souplesse de semelle, avec un drop intermédiaire, c’est-à-dire de l’ordre de 10 mm à peu près.
Il y a la Goran notamment qui est une très bonne chaussure de transition, qui est très souple, qui a un drop très large, qui permet d’avoir une foulée tout à fait correcte en attendant. Ceci dit, pour moi c’est un petit peu un faux problème parce que ça tient plus pour moi de la superstition que de la réalité physiologique véritablement. Je pense qu’on peut passer directement à un drop zéro, sachant qu’encore une fois, je le répète, beaucoup de coureurs en grosses chaussures n’utilisaient pas de toute façon ce fameux drop positif. Donc en fait il n’y a pas véritablement de règle en la matière, et on peut directement passer… d’ailleurs j’ai des retours de beaucoup de coureurs qui l’ont fait, il n’y a strictement aucun problème si on respecte encore une fois cette phase de transition qui est absolument capitale.
Pratique minimaliste : des limites existent elles ?
Jean-Marc : D’accord. On a surtout parlé aussi des limites en distance pour les ultras par exemple pour la foulée minimaliste, est-ce qu’il y a une limite pour les coureurs minimalistes ?
Daniel Dubois : C’est une excellente question, d’autant que tout récemment, ces toutes dernières semaines il y a eu quand même des observations qui ont été faites que là on ne peut pas discuter non plus. Il y a eu on a vu sur l’UTMB des coureurs en Five Finger Spyridon…
Je me souviens avoir dit il y a à peu près un an à un internaute qui me disait que jamais on ne pourrait utiliser ces chaussures sur de « vraies courses », je disais très honnêtement que jamais je ne conseillerais à quelqu’un de faire l’UTMB en FF. Voilà, je le suis trompé, mais dans le bon sens.
Et véritablement je ne sais pas jusqu’où on peut pousser les limites. C’est comme toutes les limites en matière sportive, on ne sait pas jusqu’où on peut les reculer, mais il y a actuellement énormément de coureurs, même de niveaux beaucoup plus modestes, qui pratiquent le trail notamment avec soit effectivement des Vibram, soit avec d’autres marques. J’en ai vu récemment à Annecy chez un chausseur expérimenté, et il y a maintenant des chaussures qui sont tout à fait compatibles avec la performance tout terrain et avec la notion minimaliste. Ils semblent sûrs et sans problèmes.
Jean-Marc : à propos de la foulée minimaliste, et sur le tout terrain, en trail, y a-t-il en plus des restrictions lorsque l’on fait des transitions sur des chemins accidentés ? Y a-t-il des précautions à prendre en plus ?
Daniel Dubois : Il semblerait que la chaussure minimaliste de par sa semelle, normalement il y a une bonne protection dans ces chaussures spécialisées au niveau des appuis, notamment au niveau des orteils, la protection avec des pares pierres. Mais il y a un petit problème apparemment qui semblerait, selon certains coureurs, intervenir au niveau des glissades notamment dans les descentes.
Il faut effectivement peut-être apporter des améliorations à ce niveau-là. Mais j’en parlais récemment avec un traileur qui court en Spyridon et qui me disait que c’était une question d’habitude, mais qu’on ne glissait pas plus avec ces chaussures là qu’avec d’autres.
Par contre, il y a un retour à mon avis très positif et ça trouve son explication tout à fait logique dans la physiologie, c’est que beaucoup de coureurs qui se plaignaient d’avoir des entorses en milieu trail, qui me disaient que depuis qu’ils couraient avec des chaussures sans drop avec des chaussures minimalistes, ils ne ressentent plus d’instabilité de leur cheville, qu’ils ne se tordent plus la cheville.
C’est tout simplement logique. Juste un tout petit mot, c’est que quand on court physiologiquement, c’est-à-dire avec une foulée médio-pied, on court de toute façon avec un phénomène de pronation (encore une fois, une pronation c’est naturel). On a fait une pathologie pour vendre des chaussures, mais la pronation c’est quelque chose de tout à fait naturel quand on prend appui. Pronation ça veut dire mettre son pied vers l’intérieur, et on ne peut pas en même temps qu’on met son pied vers l’intérieur le mettre vers l’extérieur et se tordre la cheville. Ça parait complètement illogique. C’est la raison certainement pour laquelle l’entorse de cheville n’existe pas avec les chaussures minimalistes. C’est un plus pour le trail.
Jean-Marc : à propos de cette entorse de cheville, je suis venu au minimalisme parce que je me suis blessé avec une grosse entorse de cheville. Par rapport à mon blog, j’alterne beaucoup entre les chaussures minimalistes et les chaussures normales. Est-ce une tare ou pas ?
Daniel Dubois : Pas du tout. Je dis toujours que ça n’est pas une doctrine, ça n’est pas une vision sectaire du chaussage, ça n’est pas non plus thérapeutique. Je n’ai jamais dit qu’il fallait chausser minimaliste pour se sentir mieux, même si on va dans le bon sens. Il n’y a absolument aucune raison de ne pas alterner. Pourquoi pas. Personnellement je n’en vois pas l’utilité dans la mesure où si on est bien dans ses chaussures minimalistes, il n’y a aucune raison particulière pour rechausser à l’occasion des chaussures normales, mais rien n’empêche de le faire, et ce n’est pas du tout une bêtise. Je rappelle encore une fois qu’il y a beaucoup de coureurs qui courent médio-pied, y compris en chaussures minimalistes bien sûr, et également avec d’autres chaussures. Pourquoi pas après tout. Je n’ai rien contre. Je n’ai rien contre les grosses chaussures. On me dit des fois « je suis très bien dans mes grosses chaussures, je ne me suis jamais blessé, je n’ai jamais de problèmes, je ne vois pas pourquoi je passerais aux minimalistes. Je suis tout à fait d’accord après tout, si chacun y trouve son bonheur. Je ne suis pas un sectaire du minimalisme, et encore une fois je n’en fais pas une doctrine.
Chaussures minimalistes : les questions des lecteurs du blog
Jean-Marc : Très bien. On va passer maintenant aux questions des lecteurs. Elles sont variées dans différents domaines. J’ai une question de Loïc : « bonjour, je cherche une paire de trail avec un drop de zéro. Quelles chaussures me conseillez-vous ? Merci d’avance. »
Daniel Dubois : Alors là, il y en a beaucoup à l’heure actuelle. Moi je ne suis pas très chaussure. Je peux renvoyer vers les tests que Fred réalise régulièrement pour ne pas dire quotidiennement sur le site runners.fr. Pour moi il y a plusieurs marques possibles, mais il y en a une que je connais particulièrement bien. J’ai mes amis de walkingshopandsee qui sont avec Madeline et Bruno Gaillère particulièrement compétents dans ce domaine-là. Et je dirais que Merell fait vraiment, mais encore une fois je n’ai pas de conflit d’intérêts avec Merell, des chaussures qui sont parfaitement adaptées avec toute une gamme maintenant qui est intéressante. Le plus de Merell (on est pas obligé de les acheter pour autant) c’est d’aller sur le site de la marque où on a notamment un certain nombre de tutoriels vidéos qui sont remarquablement bien fait et où tout est expliqué. Après on fait son choix. On a le droit de choisir une autre marque. Maintenant, si je veux rester fidèle à Vibram parce que c’est ma marque fétiche depuis que je cours. Il y a toute une gamme. Il y a les spyridon notamment qui sont bien adaptés au trail. Sinon il y a les seeya qui sont plus adaptées à la route.
Jean-Marc : D’accord. Moi je conseillerais pour Loïc si c’est Merell, la Merell Trail Glove que je suis en train de tester et qui est vraiment une chaussure de qualité.
Daniel Dubois : C’est celles que j’ai vues dans les premières chaussures minimalistes sorties en trail. La trail Glove était la pionnière ou ils l’ont peut-être modifiée ou ils l’ont peut-être agrémentée avec de nouveaux modèles maintenant, mais pour moi Merell reste une marque de référence qui est tout à fait remarquable.
Jean-Marc : Maintenant j’ai une question de Manu qui dit « je suis passé à la course minimaliste, 4 mm de drop, enchaînant les entraînements sans aucun problème, mais après avoir fait un trail de 65 km j’ai ressenti de fortes douleurs au talon d’Achille. Cela a été long et j’ai dû revenir à une chaussure avec un drop intermédiaire et avec un peu d’amorti. Je veux vraiment persévérer, car actuellement ce sont les seules chaussures qui me donnent ni ampoules ni échauffements. Que dois-je faire ? Des étirements spécifiques ? Alterner encore un moment ? »
Daniel Dubois : Je pense que pour ce qui est du tendon d’Achille, j’en parle souvent, je vais en parler d’ailleurs dans mon blog, je vais faire un article là-dessus, il y a une méthode. Le stretching, c’est-à-dire les étirements, c’est assez discuté, notamment par mon confrère Blaise Dubois de la Clinique du Coureur, qui en voit des côtés négatifs.
Par contre, la méthode Stanish, que l’on trouve très facilement sur internet, c’est une méthode d’un travail. C’est un petit peu technique, c’est ce qu’on appelle le travail musculaire excentrique. C’est-à-dire qu’il y a 2 formes de travail musculaire en gros. Il y a le travail concentrique, par exemple quand on monte sur la pointe des pieds, on contracte son triceps, son mollet.
Par contre, quand on freine la descente, on contracte évidement le mollet sinon on tombe, mais là le muscle ne se contracte plus en raccourcissement, il se contracte pour ralentir l’élongation, et ça c’est le travail excentrique.
C’est, je pense, à mon avis, un des meilleurs exercices que l’on puisse faire. Je recommande véritablement la méthode Stanish. Les retours sont très positifs. Maintenant, par rapport aux causes, il est évident que 65 km ce n’est quand même pas négligeable et que là aussi peut-être qu’une préparation spécifique n’a pas été suffisamment élaborée, notamment dans les freinages et je pense que la méthode Stanish peut apporter et aurait dû être pratiquée certainement. J’en fais vraiment une partie capitale de la préparation physique générale en matière de trail minimaliste.
Jean-Marc : D’accord. On va d’ailleurs y venir, je pense, dans la question qui suit. Une question d’Alex : « suite à une fracture il y a 2 ans, mon orteil a été renforcé par une petite barre de fer l’empêchant de se plier entre les 2 phalanges. Depuis que je cours sur le médio-pied, je ressens des douleurs au talon d’Achille. Pensez-vous que cela soit lié ? Me conseillez-vous de faire retirer cette barre ? »
Daniel Dubois : Je vais dire à Alex bienvenue au club parce que moi aussi j’ai un petit peu la même chose que lui, j’ai un gros orteil qui est rigidifié depuis 30 ans, j’ai encore des broches dedans. Ça n’empêche absolument pas de courir. Bien sûr la physiologie du pied est modifiée, c’est bien évident, on a plus les 2 pieds pareil. Mais je peux témoigner à titre personnel que ça n’est pas du tout impossible.
Par contre, bien évidemment, on en revient à la question précédente, il faut absolument développer, muscler, mais intelligemment, j’entends par là muscler de façon physiologique, de façon ciblée son triceps qui bien évidemment va travailler d’une façon « anormale » (encore une fois le pied du coureur n’a plus les caractéristiques physiologiques normales) et là encore je renvoie à la méthode Stanish. Il faut absolument arriver à habituer ce tendon d’Achille qui est rappelons-le le tendon le plus puissant de tout le squelette puisqu’il est capable à lui tout seul, ce petit tendon qui n’est pas très large, de développer des forces de plusieurs centaines de kg force, et donc à partir de là il faut absolument le renforcer.
Peut-être qu’en plus il y a peut-être du fait de son accident des phénomènes situés plus haut avec peut-être des perturbations au niveau genoux, surtout au niveau bassin. Et là il faut peut-être se rapprocher effectivement d’un ostéopathe ou d’un médecin du sport de façon à faire diagnostiquer ça et éventuellement trouver une solution appropriée.
Jean-Marc : OK. Et notre ami Alex a une deuxième question : « auriez-vous des conseils ou des exercices à donner afin de parvenir à une foulée minimaliste correcte ? Souvent on parle de l’entrainement, de la transition, mais est-ce qu’il y a des exercices particuliers à faire en plus de l’entrainement ?
Daniel Dubois : Non, non. Pour moi, des exercices véritablement non. Il y a surtout (j’y reviens et ça n’a rien à voir avec la course minimaliste) le travail proprioceptif qui est très important puisque là la proprioception va retrouver toute sa valeur.
La proprioception, je le rappelle très rapidement, c’est ce sens que nous avons en profondeur au niveau de notre squelette, on sent nos muscles, nos tendons, nos ligaments. On renseigne en permanence, en temps réel notre cerveau sur l’état de situation de notre squelette, sur le mouvement qui est en train de se faire, les appuis… En réponse, en rétroaction, en feedback, le cerveau donne les contractions qu’il faut. C’est ça qu’il faut absolument développer parce que là en minimalisme on va en avoir énormément besoin.
Donc, travaillez sur les plateaux de Freeman, sur les trampolines… Tout ce type de travail proprioceptif qui doit faire partie absolument de l’entrainement, de la préparation physique générale. Tous les coureurs qui démarrent ce travail proprioceptif nous disent des fois « oh ben quand même, qu’est-ce que c’est compliqué, qu’est-ce que c’est difficile. J’ai du mal ». Alors qu’en fait, on considère que ce n’est rien du tout. Et non. La proprioception on en a énormément besoin et là encore ça vient en prévention d’un bon nombre de blessures.
Jean-Marc : OK. Maintenant j’ai une question de Vincent : « bonjour, je rebondis sur les commentaires ci-devant pour indiquer que pour ma part je cours sans souci avec des chaussures avec un drop de 8 mm. Depuis que je m’entraine avec des chaussures de 4 mm j’ai des douleurs au niveau du talon d’Achille.
Les chaussures avec un drop de 4 mm ont beaucoup moins d’amorti. Est-ce que cela provient plus de là tout comme les chaussures avec un drop de 0 mm qui n’ont pratiquement plus rien en terme d’amorti ? Cela rejoint un commentaire que j’avais laissé sur la non-compréhension du lien entre un drop de plus en plus faible forcément lié à des chaussures de moins en moins amorti protégées. Est-ce vraiment compatible ? »
Daniel Dubois : Oui. De toute façon, il est certain encore une fois d’une chose qui est très importante pour ce qui est de la progressivité et de la transition, c’est que chaque cas est un cas particulier.
Je reviens à ce que je disais tout à l’heure, il est très difficile de donner un plan rigide, et je pense que c’est même dangereux de donner un plan rigide de progression en matière de temps, de durée, de distance. Chacun est un cas particulier, et si l’on est attentif, et c’est ça la clé de voute du problème, si on est attentif à ses sensations, si on va non pas jusqu’à la douleur, mais si on va jusqu’à la sensibilité de son tendon, il faut impérativement remettre un certain nombre de choses en question. Il faut savoir que chaque individu est un cas particulier.
J’ai un de mes amis les plus proches, qui se reconnaîtra surement, qui est possesseur de tendon d’Achille que l’on appelle le tendon d’Achille court. Il est fait comme ça. Il a les tendons d’Achille relativement rétractés, on y changera rien du tout, il est bien évident qu’on ne va pas l’opérer. Il s’est blessé d’ailleurs à cause de ça parce qu’il a fait un petit peu n’importe quoi au départ. Là on se suit au niveau de la course, et il faut du temps pour arriver progressivement à diminuer ce drop. Il peut y avoir des limites au minimalisme, j’en suis tout à fait conscient. Certaines personnes peuvent avoir, il n’y en a pas beaucoup, des restrictions personnelles qui ne leur permettront pas d’avoir une foulée médio-pied correcte. Elles risquent d’avoir des soucis. Pourquoi pas. Je n’en fais pas encore une fois un dogme, quelque chose d’absolument intransigeant. Il peut y avoir des limitations. Ceci dit, si on fait très attention à sa progression, si on pratique cette fameuse méthode Stanish, si on utilise le massage transversal profond, j’en parle beaucoup sur mon blog, on peut arriver avec du temps à venir à bout de ces sensations, voire de ces douleurs et des accidents qui peuvent en résulter.
Jean-Marc : Bien bien bien. Après, j’ai une question de Nathalie : « bonjour, existe-t-il en France des clubs ou des associations sportives dédiés à la course minimaliste ? Et merci pour l’interview. » C’est justement une bonne question. Tu nous disais tout à l’heure qu’il y a de plus en plus de coureurs qui pratiquent cette foulée-là. Est-ce qu’il y a vraiment des clubs ou des associations sportives qui sont dédiés à la course minimaliste en France ?
Daniel Dubois : à ma connaissance, il n’y en a pas de véritablement dédié et uniquement dédié à cela. Un entraîneur d’athlétisme, un entraîneur de course à pied, va forcément apprendre la bonne foulée. J’en veux pour exemple que moi je n’ai jamais porté, même à l’époque où je me chaussais au tout début quand j’étais adolescent, quand j’étais très jeune et que je pratiquais l’athlétisme sur piste, nous avions des chaussures minimalistes comme chaussures. Ça existe toujours. Si tu prends une chaussure de piste, qu’est-ce qu’il y a de plus minimaliste que cette chaussure. Elle n’a pas de talon, elle a une semelle qui est minimale, elle a éventuellement les pointes que l’on met dessus, mais c’est une véritable chaussure minimaliste. Normalement, tout entraîneur d’athlétisme, de course à pied, va apprendre à ces personnes à courir sur le médio-pied. Et de toute façon, en particulier sur la course de vitesse, c’est souvent ça qui est recherché dans l’athlétisme, la course de vitesse se fait sur le médio-pied. On a des vidéos qui sont évidemment parlantes.
Je prends toujours la référence 1984, la course de Zola Budd qui courait pieds nus et qui a quand même battu le record des 2.500 m. C’est absolument évident. Encore qu’elle a une foulée qui est un peu particulière, mais qui est due à sa morphologie. On apprend forcément à courir sur le médio-pied.
Et puis surtout maintenant, dans la plupart des villes, c’est vrai pour Paris, Lyon, pour un certain nombre d’endroits, on peut trouver par l’intermédiaire des blogs des systèmes de coaching, de sorties en commun, où on peut parfaitement parler de tout ça.
Jean-Marc : Maintenant on va passer à une question de Gérald : « bonjour, est-ce qu’une deuxième version du livre est prévue ? »
Daniel Dubois : C’est une bonne question. Je dois dire que je ne saurais pas quoi répondre. J’en ai personnellement envie. Je ne connais pas la position de Fred à ce sujet -là. Personnellement, j’aurais envie non pas de faire une deuxième version, mais c’est un petit peu en cours, je voudrais justement arriver à compiler tous les retours qui commencent à être intéressants, d’arriver à compiler tous les résultats, notamment en trail qui est quand même la discipline la plus « risquée » au niveau de notre squelette pour arriver à étayer et à confirmer tout ce que l’on a pu dire dans la 1ère version. Il y a du travail à faire.
Mais pourquoi pas. De toute façon il y a d’autres livres qui sont sortis récemment. Je pense en particulier à celui de Solarberg Séhel, à Fred Brigaud au Maroc qui a des concepts et qui fait également de très bons livres. Je pense que tout ça va venir petit à petit s’enrichir de commentaires vraiment différents, ostéo, Frédéric est ingénieur, les autres sont d’autres milieux et le fait que tout converge vers la même chose c’est quelque chose de tout à fait positif.
Jean-Marc : Bien. Maintenant j’ai une question de Shawn : « bonjour et merci pour votre livre que j’ai lu avec intérêt. La tradition vers une foulée plus naturelle qui accompagne le port de chaussure minimaliste a-t-elle une progression linéaire toute proportion gardée avec le temps d’entrainement ? Et surtout a-t-elle un seuil, une limite en fonction de la morphologie de chacun ? Peut-on courir au fil des mois avec des chaussures à amorti classique puis avec des chaussures ayant un dénivelé/drop de 9 mm, puis de 6 mm, puis de 0 drop sur toutes les distances ou bien chaque drop a une limite qui lui est propre ? Faut-il savoir s’arrêter dans cette quête ? »
Daniel Dubois : La question est très touffue, mais je dirais qu’elle se résume en une chose. C’est ce que je disais tout à l’heure, chaque transition, et c’est ça qui est très important, chaque transition est individuelle. C’est absolument individuel. On ne peut pas faire de schéma. Il y a un certain nombre de règles à respecter, notamment au niveau de la progression. Cette progression c’est simple. C’est mon leitmotiv, je le répète à qui veut l’entendre, il faut écouter son corps, ses sensations. Toutes les sensations, qu’elles soient tendineuses, musculaires, articulaires, ligamentaires… sont autant de signaux d’alarme, c’est-à-dire que le corps nous envoie sous forme d’une sensibilité, je ne dis pas d’une douleur justement, mais d’une sensibilité, courbature, sensation de tension dans un tendon, nous envoie des petits messages en disant « attention là, on a atteint la limite du jour. » Et c’est ça qu’il faut absolument, quel que soient les conditions de drop, de distance, de terrain, c’est ça qu’il faut absolument respecter. Toute sensibilité « anormale », nouvelle, doit faire penser « qu’est-ce que j’ai fait ?
J’ai couru un peu plus longtemps que d’habitude, j’ai couru sur du dénivelé, j’ai couru sur un relief qui n’était pas… » Et c’est ça dont il faut absolument tenir compte. C’est capital. C’est ça qui peut éviter les incidents. En dehors de ça, encore une fois, il n’y a surtout pas de règles rigides. C’est ça qui est extrêmement important. On ne peut pas dire « effectivement, il faut progresser de 10% d’une séance à l’autre… » En distance, ok c’est la règle générale. Maintenant, à partir de là vient se greffer dessus l’écoute des sensations. Et ça c’est absolument capital.
Jean-Marc : D’accord. Je te rejoins tout à fait. Il faut écouter son corps et écouter ses sensations.
Daniel Dubois : Le respecter surtout. Écouter c’est bien, mais se dire que de toute façon le lendemain on va en faire un petit peu moins, non. Si on voit qu’en démarrant la séance tout de suite ou très rapidement la sensibilité revient, c’est trop tôt. Il faut savoir dans ces cas-là dire « stop, je m’arrête 24-48 heures et je reprendrais ». Et très honnêtement, tous les coureurs que j’ai eu l’occasion de conseiller, même à distance, et de coacher ont eu des résultats extraordinaires. J’ai un de mes meilleurs amis avec lequel j’ai eu l’occasion de courir (il court pieds nus) qui en à peine 1 an est passé à plus de 50 ans à courir un 10 km en moins de 50 min.
Et franchement sans aucun problème et lui est un de mes meilleurs ambassadeurs parce qu’il n’arrête pas de dire « écoutez-le, je ne pensais jamais y arriver et grâce à lui j’y suis arrivé. » Maintenant, attention, c’est un exemple et encore une fois il ne faut pas le suivre avec rigidité. Il y a des personnes qui sont capables de le faire en 6 mois, d’autres en 1 an et demi. Personnellement j’ai mis 2 ans avant de passer de la course sur piste au marathon. Il m’a fallu 2 ans pour courir 42 km dans de bonnes conditions pieds nus.
Jean-Marc : 2 ans c’est long, et on peut comprendre qu’il y ait beaucoup de coureurs qui ne peuvent attendre, notamment ceux qui pratiquent régulièrement des compétitions, attendre ce temps-là pour …
Daniel Dubois : Bien sûr, et c’est justement là qu’il faut bien mettre les coureurs en garde, c’est de dire si vous n’êtes pas prêt… et je les respecte tout à fait. Il y a des coureurs qui se fixent des plans d’entrainement, qui veulent absolument en tant de temps faire telle performance, dans telle dimension, je les comprends tout à fait, mais alors dans ces cas-là, je pense que raisonnablement ce n’est pas le moment pour eux de passer au minimalisme.
Il faut qu’ils dégagent à ce moment-là dans leur vie à un moment donné le temps, les quelques mois qui sont nécessaires. S’ils ont déjà un corps entraîné et s’ils ont déjà un bon terrain sur le plan physiologique tout est permis, mais il faut savoir encore une fois, en raccrochant ses anciennes baskets, il faut savoir passer au minimalisme et accepter de reprendre les choses, je ne dis pas à zéro il ne faut pas exagérer, mais au niveau de la progressivité c’est absolument essentiel et encore une fois, toutes les blessures, je dis bien toutes les blessures que j’ai pu observer son des blessures dues à une transition qui a été bâclée.
Jean-Marc : D’accord. Quand tu parles de blessure pour une transition bâclée, il y a quand même des purs minimalistes qui ont déjà la foulée médio-pied qui se blessent quand même.
Daniel Dubois : Bien sûr, mais de toute façon, cite-moi un sport dans lequel la blessure n’existe pas, qu’elle soit accidentelle ou inhérente à la pratique du sport elle-même. Bien évidemment, j’ai eu des coureurs de haut niveau, je pense à une athlète en particulier qui avait un niveau olympique qui s’est fait une fracture de fatigue du bassin alors qu’elle courait avec des chaussures normales. C’est venu sur un contexte un peu particulier, mais ça peut arriver évidemment. La fracture de fatigue n’est pas l’apanage du minimalisme, elle est par contre la complication essentielle, primordiale qu’on nous ressert d’ailleurs régulièrement au niveau du passage minimaliste parce qu’encore une fois on a pas respecté les limites de la fatigue musculaire, on a trop demandé à son squelette et ce squelette a ses limites et il casse.
Jean-Marc : D’accord. Il reste 2 questions. D’abord celle d’Éric qui en revient toujours aux étirements : « Doit-on prévoir des séances d’étirements supplémentaires, notamment pour les mollets lorsque l’on débute une course naturelle ? Merci d’avance pour votre éclaircissement. »
Daniel Dubois : Tout à fait. C’est ce que je disais tout à l’heure. Les étirements, le stretching, je n’ai plus son nom en tête, mais entrainement réputé que j’ai vu récemment sur Facebook m’a dit arrêtez de vous étirer. Je pense qu’il se reconnaîtra. Et je dois dire que je suis d’accord avec lui. D’autres que moi l’on dit aussi. L’étirement en tant que tel n’a pas véritablement un intérêt important. Il vaut beaucoup mieux, c’est beaucoup plus utile de pratiquer ce fameux travail excentrique dont on parlait tout à l’heure, cette fameuse méthode Stanish. On en revient un petit peu à un étirement, mais c’est un étirement actif et non pas un étirement passif. Et là encore, pour le squelette, pour le côté physiologique de notre corps, c’est largement plus positif que le simple étirement passif.
Jean-Marc : D’accord. Et par exemple, sans faire d’étirements supplémentaires, est-ce qu’on peut prendre soin de ses mollets en appliquant de la glace ou en faisant de l’électro stimulation de récupération ? Est-ce que ça peut être utile ?
Daniel Dubois : ça c’est une question qui m’amène à parler de façon catégorique peut-être, on va dire encore que je suis un petit peu méchant et partie prenante, mais je voudrais parler de tout ce que j’appelle les « pansements », c’est-à-dire toutes ces méthodes contre lesquelles encore une fois je ne milite pas, je n’ai rien contre la glace, je n’ai rien contre le strap tripping, je n’ai rien contre les genouillères, je n’ai rien contre tout ça. Où je ne suis plus d’accord, c’est quand on utilise ces moyens que l’on utilise pour se soulager, c’est humain, on a mal, on veut éviter d’avoir mal, je trouve ça tout à fait normal, c’est pour ça qu’il existe les antalgiques. Par contre il ne faut pas que ces moyens deviennent des incitations à reprendre trop tôt, à continuer l’entrainement malgré les sensations négatives. C’est comme ça qu’on court à la blessure.
J’ai un exemple qui remonte à quelques années. C’est justement au moment du marathon de Paris. J’ai pris le départ avec devant moi une jeune femme qui avait un très beau strapping, manifestement fait par un professionnel au niveau d’un tendon d’Achille. Je me suis fait la réflexion suivante « de deux choses l’une, ou elle n’en a pas besoin si elle prend le départ d’un marathon c’est qu’elle n’a pas de tendinite d’Achille, donc je ne vois pas pourquoi on lui met un strapping qui risque en plus de poser des problèmes, ou alors elle a véritablement besoin d’un strapping parce qu’elle a vraiment une lésion de son tendon d’Achille et il est évident qu’elle ne courra pas 42,195 km. » Le résultat, c’est qu’au 6ème ou 7ème km, elle était prise en charge par les secouristes et elle avait une rupture de tendon.
Je suis contre, je milite contre tous ces moyens, que ce soit physiothérapie… encore une fois, en tant que tel je n’ai rien contre, mais il ne faut pas s’en servir pour camoufler, pour dissimuler des éléments qui sont autant de signaux d’alarme qui veulent nous dire « attention la blessure est pas loin. »
Jean-Marc : D’accord. J’ai une dernière question de Bip-Bip sur une blessure : « bonjour, depuis 5 mois je cours minimaliste sans problème, progressivement jusqu’à 15 km. Cependant, en passant à un modèle zéro drop, avec des Mizuno apparemment, mes tendons se sont rappelés à moi. »
Daniel Dubois : Je ne sais pas quels tendons. Je suppose qu’il s’agit des tendons d’Achille.
Jean-Marc : Je pense aussi qu’il s’agit des talons d’Achille.
Daniel Dubois : On en revient toujours à la même chose. Si ses tendons se sont réveillés, je ne pense pas que ce soit à cause de ses chaussures parce qu’il a déjà une progression qui est quand même plus qu’honorable, mais simplement il a dû passer au stade au-dessus un tout petit peu trop rapidement. Donc méthode Stanish.
On en revient toujours à la même chose. Ça n’a rien d’anormal, ça n’a rien de pathologique. Une douleur, une sensation douloureuse n’est qu’un avertissement qui veut dire qu’il se passe quelque chose. C’est tout. Une brûlure d’estomac ne se transforme pas forcément en intervention chirurgicale en urgence dans les 2 heures. Une brûlure d’estomac ça peut être tout simplement une muqueuse qui souffre parce qu’elle est inflammatoire parce qu’on a fait n’importe quoi. C’est exactement la même chose. Là, il faut simplement en tenir compte.
Si j’ai des douleurs des tendons d’Achille, qu’est-ce que j’ai fait ? Où est-ce que je suis allée ? Comment j’ai couru ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi je n’avais pas mal avant et pourquoi j’ai mal maintenant ? Les réponses en général on les trouve. Il suffit d’être objectif, il suffit d’être honnête, il suffit d’avoir l’attention de se reporter à ça. Tout va pour le mieux dans ce cas-là. Notre lecteur peut appliquer des moyens physiothérapiques, je n’ai rien contre, mais il faut qu’il tienne compte qu’il a eu cette douleur au niveau de ce tendon d’Achille et que donc qu’il faut vérifier comment ça va se passer dans les séances futures.
Jean-Marc : Donc en résumé, il doit réduire ses entraînements prochains et faire très attention. À la moindre douleur, il arrête et …
Daniel Dubois : Toujours revenir. Pour moi c’est toujours prendre un petit temps de repos d’un jour ou 2, pas quelque chose d’énorme. On peut toujours aller nager, faire des tas de choses, prendre un petit temps de repos au niveau de la course à pied proprement dite, après s’être dit qu’est-ce que j’ai fait, reprendre par exemple tout simplement des footings sur le plat dans de bonnes conditions, voir comment ça se passe, et reprendre petit à petit là où on en était arrivé. Je trouve que rien que ces réflexions par rapport à sa transition qu’il a apparemment parfaitement réussie puisqu’il arrive à 15 km en quelques mois je trouve que c’est quelque chose de tout à fait remarquable. Simplement, un petit incident ne doit pas tout remettre en question. Il a simplement peut-être progressé un tout petit peu rapidement ce jour-là, et c’est à corriger. Ça doit servir de référence et d’expérience.
Jean-Marc : L’interview touche à sa fin. Je te remercie Daniel pour ce partage, pour avoir communiqué ton expérience aux lecteurs et auditeurs du blog et je te laisse conclure avec le mot de la fin.
Le mot de la fin pour Daniel
Daniel Dubois : Le mot de la fin, c’est le mot que je martèle, tous les amis qui m’ont côtoyé sur le terrain notamment le savent, c’est la progressivité. La progressivité ça veut dire commencer, je conseille toujours de commencer par quelques centaines de mètres pieds nus sur un bitume pour bien sentir à la fois les sensations superficielles et profondes simplement de cette nature-là. Ensuite, savoir progresser, comme on l’a dit, tout en respectant les sensations, en analysant les sensations.
Il peut y avoir l’apparition de phénomènes inattendus que ce soit au niveau du genou, au niveau de tas de choses. Il faut dans ces cas-là ne pas hésiter à consulter un spécialiste pour voir ce qui se passe. Et encore une fois, la restitution de la physiologie ça n’est pas un miracle. C’est quelque chose qui peut effectivement se traduire par un certain nombre de choses. Et puis surtout progresser de façon tout à fait naturelle. J’espère simplement une chose, c’est qu’à travers les écrits, à travers ce genre d’interview qui à mon avis est extrêmement importante, c’est d’arriver à diminuer cette fameuse fracture de stress et cette fameuse fracture de fatigue qui, comme je l’ai écrit d’ailleurs sur mon blog, le vrai risque de la course minimaliste c’est le coureur.
Jean-Marc : Je te remercie Daniel pour cette interview et je te dis à bientôt.
Daniel Dubois : à très bientôt Jean-Marc. Merci à toi.
Si vous avez des questions sur le minimalisme à poser, faites le ci dessous dans les commentaires.
Dites moi également ce que vous avez pensez de cette interview sur le minimalisme et sa pratique et si cela a changé votre opinion sur cette nouvelle tendance.
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Auteur/autrice
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Préparateur Mental, Mentor des Sportifs et Sportives Motivés, Entraineur FFA 1er Niveau. Entraineur Triathlon BF5. Titulaire du tronc commun du BEES. Titulaire d'une formation de base nutrition certifiée CPD. Auteur des livres « Le Manuel pour Courir Plus Vite » et « Le Manuel pour Perdre du Poids en Courant »
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2 Responses
merci pour ce podcast que j’ai écouté deux fois ce matin en travaillant…très enrichissant…
J’ai commencé ma transition « complète » depuis 3 mois (je pratiquais déjà le VFF depuis 3 ans en complément ou sur 10km RP mais mollets de bois le lendemain).
J’étais parvenu à courir 45′ sans douleurs ni courbatures aux mollets le lendemain.
Un petit problème au pied m’a freiné dans ma transition et je remercie Daniel pour son discours qui m’a remis encore un coup de rappel sur les notions de base.
Progressivité et écoute des sensations : c’est parfois dur, mais c’est tellement bon ;o)